Petite réflexion sur le vif…

         La Ministre des Sports, Chantal Jouanneau fait débloquer 600.000 euros pour l'achat de chevaux de dressage en Allemagne par l'IFCE. Fort bien et bonne nouvelle.

         La décision de la Ministre ne plait pas à tout le monde:  "Cet argent aurait du être dépensé en France, chez les éleveurs français". Preuve que la franchouillardise est toujours vivace est que beaucoup n'ont encore rien compris! Si nous avions en France un élevage permettant de nous approvisionner en chevaux de dressage et …  d'attelage on le saurait! Des chevaux français pour l'attelage j'en ai cherché : pas de pas, pas de trot, cinglés dans la tête … " regardez   Monsieur il a un bon galop" … " mais Monsieur l'éleveur on s'en f… du galop à l'attelage ! "  .

         Alors naturellement moi et d'autres ont compris depuis longtemps. Quand on cherche un cheval  on prend la route, vers le nord et vers l'est, c'est là que l'on a le plus de chance de trouver ce que l'on cherche. " Tans pis pour vous Messieurs les éleveurs, vous avez dédaigné l'émergence de  nouvelles disciplines équestres,   l'évolution du cheval de sport moderne et les nouveaux besoins des consommateurs. Vous voilà bien encombrés maintenant avec des chevaux qui ne trouvent pas de débouchés".

         Madame la Ministre si je puis me permettre une suggestion, la prochaine fois débloquez également des subsides pour faire venir des entraîneurs et des dresseurs (c'est déjà en cours dans la discipline du Dressage qui "importe" des dresseurs allemands )  car ici on ne sait pas faire … sauf a écouter les sirènes des tenants d'une équitation "proute-proute" qui n'est pas de mise dans les sports équestres d'aujourd'hui. Le net nous gave de sites  qui prône une "équitation plus légère  que légère" avec une cohorte de vieilles badernes comme  justification de la bonne pensée.   Ca me rappelle  Coluche qui avait trouvé une lessive qui lavait plus blanc que blanc !  Ne vous y trompez pas, je n'ai rien contre la légèreté hein ! Anti-français je ne le suis pas. Un bon cheval est un bon cheval quelque soit la race dès lors qu'il convient à l'usage auquel on le destine. Il y a aussi des entraîneurs français ou francophones qui sont d'un apport positif  dès lors que le chemin menant aux objectifs est bien maitrisé et que l'on utilise le domaine d'expertise de ces personnes et pas plus.

         L'IFCE aurait dans l'une de ses missions l'objectif d'aider le haut niveau et plus particulièrement d'assurer la remonte en chevaux de qualité. On attend avec impatience la petite place qui sera faite pour l'attelage… mais la priorité serait déjà  de soutenir la filière des chevaux de trait…  si tel est effectivement l'orientation donnée à cette nouvelle institution, nous voilà repartis dans les errements, avec d'un côté le soutien aux élevages sans débouchés réels et de l'autre côté des consommateurs qui ont besoin de chevaux de sport pour rivaliser avec la concurrence étrangère !  On va prendre les mêmes et recommencer ?

         Madame la Ministre, il n'y a pas ou prou  de professionnels de l'attelage en compétition en France (et peu de professionnels de l'équitation en compétition tout court).

         D'où vient cette différence avec quelques uns de nos voisins, différence  qui passe pour être l'une des raisons de notre difficulté à nous imposer sur les épreuves internationales ?  Le haut niveau c'est d'abord des chevaux de qualité, faits pour ce à quoi on veut les utiliser, ensuite de la compétence technique, du temps et des moyens. Ces  2 derniers piliers ayant une évidente relation l'un sur l'autre, mais il faut également ne pas oublier que les compétences techniques s'améliorent aussi avec le temps que l'on y consacre, et que là aussi les "moyens" sont importants. Selon la catégorie concernée 1, 2 ou 4 chevaux la question se pose avec  d'autant plus d'acuité.

         Chevaux de qualité ai-je dit et faits pour ce à quoi on veut les utiliser. Celui qui ne traine pas sur les CAI étrangers aura du mal à comprendre s'il ne voit rien  du potentiel des chevaux d'un Beat Schenck, d'un Engbers, d'un  Rutjens d'une van Tergouw, d'un Zarembowicz, d'un Warneck ! Sur les 3 compétitions les plus importantes en attelage de ces 3 dernières années, CdM Pratoni, JEM Lexington, CdM Kecskemet,  1 seul cheval français  figure dans les 10 premiers (arabo-boulonnais). En 2008 il y en avait 2, un arabo-boulonnais et un SF.

         Une situation décalée:

         Mis à part quelques clubs qui jouissent d'un certain confort financier, il faut bien dire que la moyenne se situe en deçà de ce que l'on observe au-delà de nos frontières. Quelles raisons à cela ? un engouement plus prononcé pour l'équitation chez nos voisins ? pas sûr, n'oublions pas que notre FFE s'annonce comme étant la 3 eme fédération nationale en terme de nombre  licenciés. Moins de charges peut être, le montant  des leçons plus élevé que chez nous ? je ne sais pas. Sans doute la frénésie de démocratisation de notre sport n'a pas forcément maintenu les tarifs. Mais qui peut s'en plaindre, beaucoup comme moi sont venus au cheval parce qu'un Comité d'Entreprise, une Ecole ou que sais je,  nous a mis le pied à l'étrier comme les Classes de neige nous ont fait découvrir la montagne et la paire de ski.

         N'y a-t-il pas  "trop plein" de Centres Equestres, la concurrence  nivelle par le bas. Ce qui est certain c'est que l'équitation ne "nourrit " pas assez son homme chez nous pour voir se développer "des professionnels de l'attelage sportif."

         Un rapide tour du montant de  leçons individuelles  sur le net permet de s'en rendre compte:

Cours de tennis 20/30 €

Cours de golf 30/70 €

Cours de piano 25/30€

         Comparable aux  tarifs "équitation". Côté établissements équestres   il faut ajouter les chevaux, leur entretien, la nourriture,  le maréchal, le vétérinaire, le palefrenier, les bâtiments, les tracteurs etc…. Et puis les gains des concours, là où il y a des gains, ça paie un peu le gas-oil, vraiment qu'un peu…

         Alors naturellement les regards se retournent vers les administrations ( FFE, CRE, Ministère, IFCE… ) il faut bien trouver des moyens puisque le job ne suffit pas. Impôt  puis redistribution … subventions etc, puisque telle est la règle!

         Alors madame la Ministre,  continuez de  bien utiliser nos impôts et que les redistributions  soient de véritables investissements pour l'avenir et  pas des rentes de situation.  Mais ce n'est que mon avis !

JCG