Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 21/09/2016 12:10:40 Rubrique : Interviews, lu 3250 fois. 10 commentaires |
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40 partants à la Finale Jeunes
Chevaux qui se déroulera à Compiègne samedi 1er octobre ; c'est du jamais
vu, mais pas dans le sens positif du terme… Plus de 100 partants les années
précédentes. Que se passe-t-il dans la cette discipline de l'attelage ?
Jean-François Trangosi a bien voulu répondre à mes questions.
attelage.org : que se passe-t-il sur ces épreuves jeunes chevaux ?
J.F Trangosi: " pour moi il y a trois problèmes. Nous enquêtons avec la fédération sur le constat d'une baisse générale de la fréquentation des meneurs en concours : en 2015 il y avait 130 engagés à Compiègne, il y en a eu 70 cette année, le Quesnoy 16 en amateur aujourd'hui sept, Saint-Lô 50 amateurs l'année dernière et 27 cette année ... Il n'est donc pas étonnant que l'on ait le même constat pour cette finale jeunes chevaux.
Depuis quatre ou cinq ans, nous avons également une baisse de la fréquentation des chevaux de trait sur les concours, des meneurs qui arrêtent, qui passent chez les chevaux de sang ou chez les poneys. Le renouvellement ne se fait pas. Chez les Comtois et chez les Normands on avait à l'initiative des haras nationaux à inciter les éleveurs à continuer le cycle du cheval d'utilisation dans les concours SHF, là aussi baisse de la fréquentation et baisse du nombre de concours.
Enfin le troisième sujet est la modification réglementaire mise en place en début d'année des reprises internationales qui sont certainement d'un niveau plus élevé et plus particulièrement les épreuves jeunes chevaux troisième année qui ne sont pas adaptées aux chevaux de trait. On a aussi, pour des raisons pratiques et contrairement à la réglementation internationale, maintenu l'épreuve de maniabilité en dehors de l'épreuve de dressage, qui selon le règlement FEI est normalement intégré dans l'épreuve de dressage. Nos maniabilités sont peut-être mal adaptées aux jeunes chevaux, pénalisantes en termes de points et donc défavorables à une sélection finale.
Nous nous sommes aperçus avec la SHF, en juin, que les meneurs n'arrivaient pas à qualifier leurs chevaux. Nous enquêtons sur l'influence des résultats des maniabilités : à savoir s’ils ne sont pas disproportionnés par rapport aux résultats des dressages. Ces dressages FEI sont jugés par un collectif de trois juges, je pense que nous sommes plus près de la « vérité » avec ce type de notation.
Nous allons débattre de toutes ces questions lors de la finale SHF de Compiègne samedi matin 1er octobre à 10 heures. Sont conviés tous les meneurs, les juges, et il y aura aussi des représentants de la SHF, mais également tout visiteur qui souhaiterait y assister.
a.o : on entend dire côté meneurs que cette nouvelle manière de juger les épreuves jeunes chevaux serait très pénalisante, car la globalisation des notes inciterait à privilégier le regard et donc la notation sur les points faibles de la reprise déroulée par le meneur. Je m'explique avec un exemple: dans le cas de figures répétées, par exemple trois arrêts dans la reprise, si deux de ces arrêts sont bien réalisés, note estimée sept ou huit, et que le troisième arrêt est notoirement moins bon, note estimée trois ou quatre, les juges seraient influencés par cette dernière prestation, alors que le meneur et le cheval ont montré par ailleurs dans la reprise que cette difficulté technique était bien maîtrisée et qu'elle justifierait au moins un 7.
JFT: " difficile à dire, pas impossible, mais pour le prouver il faut être dans la cabine du jury et observer le débat concernant la notation. Il faut dire aussi que dans cette nouvelle notation il y a coefficient 2 pour certaines figures et que, évidemment, si elles sont médiocrement exécutées le résultat général s'en trouve très affecté. Le niveau de qualification étant lui aussi modifié, le résultat peut être sévère !
Je suis certain qu'il y a des endroits où le jugement n'a pas été à la hauteur de ce qu'il aurait dû être. Pour moi, le jugement collectif est tout de même difficile. Nous sommes quelques juges à penser que la note est plus vraie, que cette notation collective est ici difficile à exécuter sur les épreuves jeunes chevaux premières année dont le déroulement laisse peu de temps au juge pour délibérer, et enfin que les coefficients font « mal ».
a.o: ces coefficients sont mis sur les figures les plus importantes pour ce qui est de l'appréciation du dressage que l'on attend d'un jeune cheval. Dans le Dressage monté, les coefficients sont appliqués justement pour mettre l'accent dans la notation et dans le travail ce qui est le plus important au stade du dressage du cheval. N'est-ce donc pas une bonne chose que d'intégrer ces coefficients dans les reprises concernant l'attelage ? N'est-ce donc pas un bien ces coefficients qui vont tendre à améliorer la qualité du dressage des chevaux ? C'est en tout cas mon avis j'y suis personnellement très favorable.
JFT: "tout à fait, cela explique aussi l'échec que l'on a sur les chevaux de trait. Il y a 20-25 ans lorsque l'on a débuté les épreuves jeunes chevaux il y avait une majorité de chevaux de trait, ils ont été le moteur du développement des épreuves jeunes chevaux. Il y a trois ans ils étaient encore majoritaires, aujourd'hui ce n'est plus le cas. L'épreuve de troisième année est trop difficile pour les chevaux de trait c'est une évidence. On est passé aujourd'hui pour faire un parallèle avec les épreuves équitation en passant du "cycle libre" au "cycle classique". On va exclure des personnes ou des chevaux parce qu'ils n'ont pas les capacités techniques pour répondre aux exigences de ces reprises."
a.o: c'est bien l'objectif de la SHF que de sélectionner...
JFT: "tout à fait dès l'origine il s'agissait d'orienter les chevaux vers une utilisation loisir, amateur, ou Pro. Il va falloir s'interroger pour trouver pour ces chevaux de trait des reprises adaptées."
a.o : n'est-il pas temps d'envisager un troisième niveau dans les concours nationaux, un niveau où le dressage aurait moins d'importance?
JFT:" mais ça existe déjà ! Les gens qui n'ont pas envie de se prendre la tête avec du rassembler et autres difficultés techniques se rapprochent de l'Endurance attelée ou du TREC attelé et des Routes touristiques etc. L'augmentation du nombre de ces épreuves est probablement l'une des raisons de la baisse du nombre d'engagés sur nos concours.
Nous allons en discuter avec Quentin Simonet dans quelques jours et voir si l'on ne pourrait pas faire comme en Allemagne, donner la possibilité aux meneurs de s'inscrire sur un ou deux des trois tests d'un concours, voire la possibilité de faire 2 dressages, 3 maniabilités... C'est une piste à développer comme les réunions concurrents/juges."
© Interview JCG