Article proposé par Heliosness, paru le 23/01/2017 08:54:30
Rubrique : Reportages, lu 1871 fois. 5 commentaires
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CAIW LEIPZIG :JEROME VOUTAZ sublime !


 

 Oh les filles, Oh les filles !

 

Grâce à Jérôme Voutaz et ses 4 juments, je vous présente tous les chevaux de l’étape

2017, année de la gente féminine ? Peut-être bien, si Jérôme Voutaz a fait résonner le « la » par sa victoire avec Belle, Eva, Folie et Leny à Leipzig en ce premier dimanche de Coupe du monde de l’année. Car c’est une victoire, belle et entière, sur les préjugés qui ont la vie dure.

Si, si, ces Franches-Montagnes sont gracieuses, belles, aux ordres et en douceur. Si ! Les Franches-Montagnes sont des chevaux de sport qui vont vite, très vite, aussi vite que des races à sang plus… à la mode. Ces quatre juments forment un groupe homogène, elles vont ensemble, synchronisées, calmes et déterminées. Cette équipe donne une impression d’assurance, de choix volontaire et concerté. Elles savent où elles vont et elles y vont volontiers. J’aime !

Boyd Exell, ses 3 champions et sa championne Demi

C’est la victoire de l’amateur sur les professionnels, mécanicien passionné d’attelage depuis sa jeunesse qui consacre tout son temps libre à ses juments. Victoire des petits moyens contre les gros, de la solidarité des habitants d’un petit village contre les businessmen, la victoire du rêve tout simplement. Victoire du respect strict des règles : 4 participations, aucune carte Joker… Victoire au cumul des deux tours ! C’est la première fois que le cumul versus la remise à zéro des compteurs change quelque chose au résultat et il fallait que ça tombe sur lui !

Voilà pourquoi je dis que le meneur Suisse, bien que finissant second du Drive-off 2, comme l’an passé, est le grand vainqueur de cette étape allemande. Voyez plutôt, le seul à faire deux tours consécutifs sans aucune faute !

        

Athlète

1er tour

2ème tour

TOTAL

Jérôme Voutaz

119,92

109,41

229,33

Boyd Exell

124,91

109,20

234,11

Isjbrand Chardon

121,61

112,73

234,34

 

Rien à dire, le choix de la règle avait été annoncé dans le programme et puis, c’est exactement la configuration de la Finale qui aura lieu à Göteborg, autant s’y préparer !

Isjbrand Chardon et son team dont Casper, le pie, sa volée gauche, sur qui tous ses espoirs reposent

Je vous raconte la compétition de dimanche en détails. Le parcours était identique à celui construit le premier jour de compétition par le chef de piste allemand Wolfgang Asendorf. Isjbrand Chardon ayant rencontré des difficultés dans le deuxième obstacle lors de la première compétition, celle de vendredi, qui avait obligé l’un de ses grooms à descendre de voiture, a dû passer en premier dans celle-ci. Il est allé très vite, réalisant le meilleur temps, 116.61 secondes mais faisant tomber une balle, ce qui porta la barre à 121.61 secondes. Il semblait content et confiant malgré tout, se situant pile entre les deux temps réalisés vendredi par Voutaz et Exell.

Edouard Simonet et ses 4 mâles

Le second à se présenter fut le jeune Simonet qui rencontra cette fois-ci des difficultés dans l’obstacle 2, prenant la porte B à main droite pour aller au plus court vers la porte C, il a mal anticipé, ses chevaux ont bloqué, il a dû arrêter et repartir, perdant de précieuses secondes.

Sans mettre de balle, il fait le parcours en 132.13 secondes. A plus de 10 secondes du Néerlandais, il n’a aucune chance d’être sélectionné pour le second tour. La partie est finie pour lui, dommage. Mais n’oublions pas qu’il conserve une chance d’aller en finale s’il gagne Bordeaux et que von Stein finit 3è, 4è ou 5ème ; ou même s’il fait une 2de place à Bordeaux et von Stein dernier ou avant-dernier. Allez, on y croit !

Georg von Stein et ses 4 mâles

C’est justement son plus sérieux rival qui s’avança ensuite, Georg von Stein, qui jouait heureusement avec un joker sans quoi il aurait vu ses chances d’aller en Suède très exposées puisqu’il finit 5ème  en 126.25 secondes + une balle à la porte 6 (donc 131.25), pour cause d’excès de vitesse, sa voiture semble taper un peu dans la cloison, il est déporté vers l’extérieur du virage, ce qui lui fait toucher le cône de gauche et tomber la balle.

 Il semble aller plus vite que Chardon et pourtant, il met 10 secondes de plus que lui. Il conserve une chance de se qualifier à Bordeaux.

Rainer Duen, 3 mâles et la jument Daisy

Puis s’est présenté l’autre Allemand, Rainer Duen, qui ne concourrait ici que pour le plaisir. Ses chevaux allemands sont fins et sportifs. Ils partirent vite mais firent tomber, d’entrée de jeu, la balle droite de la porte 1. Dans l’obstacle 1, il prit à main droite après la porte A, ce qui est le chemin le plus court jusque B. Je n’ai pas compris ses choix stratégiques dans l’obstacle 2. Il finit à la 7ème place en 128.11 + 5 = 133.11 secondes. Il n’aura malheureusement pas brillé chez lui.

Théo Timmerman et ses mâles

Le troisième Néerlandais de l’étape, Théo Timmerman, dont je craignais qu’il fît de l’ombre à Jérôme Voutaz car ils avaient 12 points tous les deux au départ de cette étape de Leipzig et qu’il va très vite.

 Est-il allé trop vite, oubliant de freiner avant le virage entre 2 et 3 ? Ça patina sec. La conduite était quand même drôlement heurtée, les deux volées ne donnaient pas l’impression de vouloir aller au même endroit. Alors il est allé vite, oui, il a fait le deuxième temps : 118.78 secondes, oui, mais il a mis 3 balles, ce qui le plaça bon dernier. Comme Rainer Duen et Joszef Dobrovitz junior, avec son total de 12 points, il ne participera pas à la Finale en Février.

Koos De Ronde a aussi une femelle, Celina 6 âgée de 15 ans comme Joep, le plus jeune est Amadeo V qui a 11 ans et semble souvent lui donner du fil à retordre, quant à son timonier droit, il a 20 ans.

Koos De Ronde se présenta ensuite sur la piste. Ses grooms descendirent pour effectuer un petit arrangement au niveau des traits (je ne sais pas quoi exactement). Il est allé très vite lui aussi, il a fait le 3ème temps en 118.98 secondes, mais il a fait tomber les balles de la porte 6 extérieure et de la 7 intérieure lors du deuxième franchissement du pont. Il prend aussi à main droite dans le premier obstacle après A et entre 9C et 9D dans l’obstacle 2. Il finit au pied du podium avec 128.98 secondes.

Jérôme Voutaz donne l’impression de faire ce qu’il a à faire dans le calme, le plus grand sérieux, d’agir avec mesure et douceur.

Jérôme Voutaz était très attendu. Il avait imposé un rythme endiablé lors du premier jour de compétition, réalisant un sans faute presqu’aussi vite que le Champion du monde, Boyd Exell.

Ces deux-là sont d’immenses meneurs. Ils sont les seuls à avoir parfaitement exécuté le parcours de la porte 2 à la porte 3, car il fallait ralentir juste avant de tourner et non pas dans le virage pour ajuster la vitesse prise dans la grande courbe qui allait du départ à la porte 2 ; puis sortir de 3 juste bien, sans se presser pour ralentir, il y avait le temps, pour entrer dans l’obstacle 1 en tournant au plus près du carré en A ;

Jérôme Voutaz a choisi de passer à main droite après la porte B, ce qui était la distance la plus courte vers C ; D et E sans problème, rapide, fluide, Exell également. Cependant, alors que Jérôme Voutaz est sorti parfaitement bien de E, large pour se placer dans la bonne trajectoire de la porte 5, Boyd Exell a commis l’erreur de sortir sans doute trop serré, faisant tomber LA balle qui lui coûta de remporter la première place du premier tour à 1 centième du Suisse ! (119,91 contre 119.92 mais avec les 5 secondes de pénalité, il s’est retrouvé 3è à 124,91).

Ils conduisent avec une précision parfaite, c’est d’une grande beauté, ils déclenchent des accélérations inouïes, ralentissent sans heurt quand il le faut. Un pur régal que ces parcours techniques ! Quel plaisir de le voir se lever dans une explosion de joie à l’arrivée, conscient qu’il était d’être déjà qualifié pour aller à Göteborg. La foule des spectateurs exultant avec lui, sifflant d’admiration, applaudissant à tout rompre.

Le Drive-Off était quasiment identique. Asendorf avait retiré la porte 5 qui était réellement une difficulté. Les trois concurrents devaient donc sortir après la porte 4E en repassant à l’envers dans la porte D neutralisée pour aller bien large rejoindre la porte 6. Ils gagnaient trente mètres d’après les calculs du course-designer, soit 8 secondes sur le temps théorique alloué.

Boyd Exell, arrivé troisième du premier tour, s’est exécuté le premier. Il met 10.71 secondes de moins. Il a l’air essoufflé et transpire. Son tour est parfait, d’une vélocité incroyable. Je me dis qu’il a gagné.

    

Seulement, Chardon est vindicatif. Une chance pour les deux autres, il attend depuis très longtemps sur l’aire d’échauffement, ses chevaux ont dû se refroidir, perdre un peu de leur allant en attendant que les autres compétiteurs effectuent leurs parcours. Il va vite, plus vite qu’au premier tour puisqu’il gagne 3.88 secondes mais moins vite que le champion incontesté.

Enfin, Jérôme Voutaz s’élance sur l’arène avec ses belles juments aux ordres, souples, très rapides. Le public est l’encourage avec enthousiasme. La traversée du pont a été exécutée avec aisance, tandis que c’est là que Boyd Exell a soufflé, essoufflé, dans ce second tour. Dans l’obstacle 2, Exell a paru légèrement plus empressé que Voutaz qui arrive fatigué également en 109.41 secondes, soit 10.51 secondes de moins qu’au premier round. C’est éprouvant ces concours de vitesse.

Je suis contente, celui que je considérais comme le favori a gagné ce qu’il espérait, le ticket pour aller en Finale. C’est une belle journée qui leur a rapporté ceci :

La Finale à Göteborg comprendra donc : Boyd Exell, Isjbrand Chardon, Koos De Ronde, Joszef Dobrovitz, Jérôme Voutaz et vraisemblablement Georg von Stein si Edouard Simonet ne fait pas tout pour nous émerveiller à Bordeaux en gagnant les 10 points sésame. Sans oublier Fredrik Persson, l’invité national.

J’avais un déficit de photos de Simonet. Réparé ! Pourvu que ça lui porte chance…

Un peu de repos avant Bordeaux les 4 et 5 février 2017 avec nos deux Français gratifiés d’une Wild Card : Benjamin Aillaud et Sébastien Mourier.

©Heliosness


  Commentaires
-oui mais.. par JeanClaudeGrognet (23/01/2017 13:11:40)
une question se pose et elle n'a pas encore de réponse: Jérome Voutaz est il une étoile filante ?
-une étoile est une étoile par Heliosness (23/01/2017 14:36:54)
Nous verrons bien à Göteborg. J'espère qu'il gagnera la finale parce qu'il se dégage quelque chose de pur de ce Team... Quel que soit le vainqueur, ce sont tous des étoiles... plutôt non, des constellations d'étoiles car ce sont des équipes ces humains avec leurs chevaux.
-Je précise par JeanClaudeGrognet (23/01/2017 14:45:20)
Ce n'est pas de la Coupe du Monde dont je voulais parler mais de la carrière internationale indoor ET outdoor du meneur suisse. On a connu par le passé beaucoup d'étoiles filantes. L'avenir le dira mais pour le moment amateurs et attelages peu fortunés font long (*) feu chez les teams dans le haut du classement. Je lui souhaite un podium à Göteborg.
Ce qui est remarquable c'est le talent mais aussi les éleveurs suisses des Franche Montagnes qui ont su tirer cette race, qui n'y était pas prédisposée, vers le cheval d'attelage de sport de haut niveau.

( *) Au temps des armes sans douilles à amorces, faire long feu signifiait que lorsque l’on mettait le feu à la poudre d’un mousquet (ou d’un canon) après avoir délicatement chargé l’arme, la poudre se consumait en fusant au lieu d’exploser. Faire long feu caractérisait l’échec.
-les causes ? par Heliosness (23/01/2017 20:55:27)
Vous qui avez connu le temps des mousquets de l'attelage (humour, dérision, sarcasme gentil) savez-vous les causes de ces échecs ? Il me semble que Jérôme Voutaz a tout pour durer car il a l'atout principal qui fait la réussite : les chevaux, en l'occurrence 6 juments fin prêtes qui appartiennent me semble-t-il à ce binôme de choc amis depuis 17 ans, Pierre Emonet-Jérôme Voutaz. Ce qui manque à la plupart des meneurs de ce niveau, Felix Brasseur me le disait à Breda et, sur ce point, je suis d'accord avec lui, ce sont des chevaux à eux, ou dont ils sont sûrs de pouvoir disposer à volonté, de qualité, biens préparés, qui forment un ensemble et surtout qu'ils gardent de nombreuses années. Beaucoup des chevaux de la Coupe du monde qui figurent sur ces photos sont de vieux routiers.
-Vieille recette par JeanClaudeGrognet (24/01/2017 08:40:10)
Les bons chevaux destinés à ...
Le bon dresseur qui saura faire et qui aura la patience de voir venir ...
Un meneur avec une tête bien faite avec les pieds sur terre et qui regarde loin ...
Un meneur humble et discret qui se concentre sur le job, narcissiques s'abstenir ...
Un meneur capable de se relever ...
L'expérience du haut niveau...
Suffisamment d'argent et de temps ...
Un entourage complaisant à ce qui ressemble à une traversée du désert ....
Une motivation qui écrase les montagnes ...
Un travailleur acharné grandement égoïste ...
Voilà suffit de cocher les cases pour savoir si l'on a une petite chance ...