Article proposé par Heliosness, paru le 06/03/2017 08:36:42
Rubrique : Reportages, lu 2644 fois. 6 commentaires
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UZES, au coeur du Printemps de l'attelage


 

Aujourd’hui, je vais vous parler du plus grand rassemblement de meneurs, d’entraîneurs  et de concours d’attelage de France qui se tient, depuis 2014, dans un lieu qui a une résonnance toute particulière pour moi : le Haras National d’Uzès, dans le Gard, pas très loin de la Camargue chère à Saint-Louis et à mon enfance aussi.

C’est là que j’ai débarqué à la mi-août 2013, avec mes « terribles » Comtois, pour que les enseignants de l’IFCE leur apprennent à tracter des voitures ou autres véhicules utilitaires. Expérience qui changea définitivement le cours de ma vie. J’y rencontrais deux hommes passionnants : Philippe Roche et Louis Basty. Ce dernier, responsable de l’école d’attelage, est un exemplaire plutôt rare de passionné à l’enthousiasme contagieux. Sans lui, je n’aurais pas inoculé ce virus. A l’époque, il s’activait déjà à faire éclore son grand œuvre, le Printemps de l’Attelage.

Uzès, pourtant petit bourg peu animé, est le centre du Sud de la France, à égale distance de l’Espagne et de l’Italie. C’est un Duché médiéval aux bâtisses en pierres de taille, à quelques encablures du Pont du Gard. Le Haras a du caractère, bien que ses constructions soient sans prétention, excepté la demeure de maître qui se donne des allures de petit manoir au bois dormant dont le perron donnait, jusque l’an dernier, sur le chapiteau de Lucien Gruss.

L’espace ici, il y en a à revendre, c’est immense. Vous ne risquerez pas de vous marcher dessus, quand vous viendrez ! Il y a des aires de détente, d’échauffement partout. Tout a été  conçu pour accueillir de très nombreux concurrents dans un confort très satisfaisant même si les Haras sont rustiques dans la qualité de leur accueil. Ne comptez pas sur eux pour déployer le tapis rouge, vous recevoir en habits d’apparat, vous faire des courbettes ou mettre les petits plats dans les grands. Non. Ils sont simples, directs, mettent leurs infrastructures à votre disposition, sont serviables mais sans tralala.

L’ambiance entre les compétiteurs y est toujours chaleureuse et festive. Je garde le souvenir de m’être beaucoup amusée en 2015 avec mon cheval qui fit une très belle deuxième place en amateur 2 avec son meneur, Steve Latruffe, un habitué. Je crois que c’est à Uzès que j’ai rencontré pour la première fois tous ceux que je côtoie aujourd’hui dans ce milieu.

Cette année, outre de Languedoc-Roussillon, région logeuse, des attelages arrivent de Provence et de Côte d’Azur, d’Alsace, du Jura, de Bourgogne, de Rhône-Alpes, de Midi-Pyrénées, d’Aquitaine, d’Auvergne, de Normandie, ou encore de Picardie.

La première année, la FFE avait enregistré environ 140 engagements. L’année suivante, en 2015, j’en ai compté 220. L’an passé, ce sont 300 engagements que Louis Basty est fier d’avoir obtenus. Cette année, plus de 230 sans compter les engagements pour le concours de labours. Le contexte est moins favorable. Le championnat du monde en paire avec des candidats à l’étranger ou qui ciblent électivement les concours internationaux. Le groupe des catalans emmenés par Serge Berdaguer les années précédentes est absent.

 « On est dans un contexte pas facile avec Lisieux en international sur notre premier weekend, déplore Louis Basty. Cette épreuve obligatoire de début de saison nous télescope le premier weekend. Quentin Simonet, en charge à la Fédération, est convaincu qu’on ne se télescope pas et comme il y a des partants partout ça ne le dérange pas plus que ça. Sauf que, c’est le même bureau des calculs, c’est le même photographe, c’est le même chronométreur, les mêmes délégués techniques, etc. Les gens qui sont à mi-chemin entre les deux se posent la question de savoir s’ils vont à Lisieux parce qu’il faut qu’ils se qualifient sur un concours international ou s’ils viennent à Uzès parce qu’il y a plusieurs épreuves sur lesquelles ils travaillent. Je trouve dommage de ne pas arriver à un meilleur consensus avec Lisieux. D’autant plus que l’organisateur de Lisieux, que je connais bien, depuis longtemps, ne voit aucune objection à avancer de huit jours son concours. C’est Quentin Simonet et Félix Brasseur qui s’y opposent parce que Lisieux leur convient, à eux, à ces dates-là, en raison de leur agenda personnel. »

Nouvelle saison mais vieux schéma ! Je ne comprends pas pourquoi vous acceptez tous le diktat de ce système féodal.

Le décor

A Uzès, il fait chaud, très chaud en été, venteux souvent, froid, très froid en hiver; alors l’herbe, ma foi, elle préfère aller voir ailleurs. C’est pourquoi les carrières sont en sables ou pierres concassées.

 Les deux carrières de dressage ont un sol dur mais très roulant. La première, utilisée depuis l’origine, pourvue de cabanes en bois confortables pour les juges, se trouve sur le bord de la route. Elle est aux dimensions GP.

La seconde, dans laquelle évolueront pour la première fois cette année les amateurs élite, si j’ai bien compris, a été aménagée dans la spacieuse cour intérieure.

Les épreuves de maniabilité se déroulent sur une autre carrière dont le sol est recouvert d’un sable très épais, lourd, beaucoup moins roulant que les carrières de dressage mais plus souple, plus agréable pour galoper. C’est habituellement une carrière de saut d’obstacles. Les années précédentes, deux obstacles de marathon y étaient montés, qui servaient également pour les épreuves de maniabilité combinée pour jeunes chevaux.

Les autres obstacles de marathon sont répartis sur toute la surface du Haras, avec une diversité d’environnements et de sols puisqu’il y a toujours eu un gué en contrebas d’un talus en herbe, un obstacle épouvantablement fatiguant pour les chevaux dans la carrière d’attente de la maniabilité, un autre fort sympathique qui comporte des obstacles solides en pierre et en arbres ; depuis l’an dernier, un obstacle sur un promontoire en herbe. La phase A est effectuée habituellement sur le site également.

 

Maintenant que le décor est planté, levons le rideau et regardons évoluer les personnages de cette pièce en 3 actes.

Acte I – Le premier weekend

Il vient d’avoir lieu ce weekend avec les épreuves jeunes chevaux, le colloque utilitaire et le concours de labours, les concours club1 et club élite ainsi que children.

Jeunes chevaux : On ne peut concevoir de développer la discipline sans avoir des chevaux de mieux en mieux formés, de plus en plus tôt. C’est pourquoi Louis Basty tient à faire figurer deux concours SHF au cours de cette semaine, un le premier weekend et un le 10 mars.

Dans notre Sud, ces concours restent assez peu fréquentés mais certains centres s’y sont mis tels celui de Laurent Dervieux à Sigoyer, de Steve Latruffe à Forcalquier ou de Mathieu Carrière avec ses Merens. Les meneurs à dimension internationale ne négligent pas les épreuves Jeunes chevaux qui sont une bonne école de dressage. La participation est faible cette année encore mais elle dépend du renouvellement de la cavalerie des meneurs et enseignants d’attelage.

Le colloque sur le cheval utilitaire fait suite et vient en complément de celui de janvier qui s’est déroulé en marge de Cheval Passion à Avignon. Le Haras National d’Uzès s’est fait le porte-parole du cheval utilitaire dans la ville, montrant qu’il pouvait être un partenaire économique viable.

Ce colloque est l’occasion de présenter des initiatives, des projets autour de cette implication, du matériel, etc ; de mettre en commun les résultats d’expériences heureuses comme malheureuses afin de dégager des axes de développement, corriger des erreurs, éviter qu’elles ne se reproduisent.

Il s’agit d’échanger entre professionnels de la filière et les services techniques de l’IFCE sous la conduite de Clémence Bénézet qui a annoncé une cinquantaine de participants.

En parallèle, initié l’an dernier, se tient un concours de labours dans les vignes, conduit par l’association ARALR, car c’est très apprécié, ça marche bien et c’est bien diffusé. Un nombre de plus en plus grand de viticulteurs revient au travail de la terre via le cheval de labour car ils se sont rendu compte que le tracteur tasse la terre, l’empêchant de bien respirer. Le cheval est mieux adapté, l’impact de ses pas est léger en comparaison des roues d’un tracteur.

En outre, le cheval a le réflexe de s’arrêter et de reculer lorsqu’il rencontre une résistance, respectant l’intégrité des ceps de vigne lorsqu’il doit décavaillonner, c’est-à-dire aller chercher la terre entre les ceps de vigne. Lorsque c’est fait par une machine, elle peut arracher des pieds de vigne car elle ne cède pas à la résistance, ne la sent pas, la force.

 « Donc ce concours vise à rassembler des professionnels qui sont forts, pertinents, efficaces, qui connaissent bien le sujet et qui travaillent déjà la terre, la vigne. C’est un autre public que celui des compétiteurs habituels. Il s’agit de prestataires de services, adroits, précis. L’année dernière on l’a fait en se disant, on le fait et on verra bien qui vient. On a eu 17 partants, c’était au-delà de toutes nos espérances. L’idée c’est de faire venir des vignerons pour les intéresser à cette pratique ; si eux sont intéressés, ils vont contacter des prestataires pour faire l’entretien et le nécessaire des vignes. Le meilleur doit gagner des prestations et c’est comme ça qu’il gagnera sa vie. »

Acte II – La semaine est orientée vers plusieurs activités qui sont en partie organisées par des personnes extérieures au HN d’Uzès.

Le mardi est une journée chargée avec d’une part, des activités consacrées au handicap et au cheval médiateur de thérapie. Louis Basty souhaite donner envie aux enseignants de centres équestres de s’y intéresser et de se former afin de venir en aide aux patients souffrant de pathologies dont on sait qu’elles bénéficient grandement de la présence de l’animal.

Et d’autre part les concours de travail à pieds, longues rênes en espérant remettre au fondement de l’enseignement le travail à pied qui permet de développer la confiance entre le cheval et le meneur, la façon de marcher autant pour le cheval que pour le meneur, l’observation, la précision. Il a fait descendre trois spécialistes : Pierre Chappuis, Vital Lepouriel et la longeuse internationale Frédérique Defrémont.

Trois spécialistes pour 5 engagés. Autant dire que la mission de service public est employée puisque c’est une perte financière.

Jeudi 9 mars, 3 stages de perfectionnement : Juge, avec Dominique Coudry, ouvert aux débutants – Chef de piste, avec Philippe Blossier, International de niveau 3* – Bureau des calculs avec Joël Chandavoine.

Enfin, l’Acte III, le dernier weekend avec les concours amateur1, 55 engagés et amateur élite.

Dix-huit meneurs viendront s’affronter cette année dans la catégorie Amateur élite dont, en Team, Benjamin Aillaud qui concourra avec deux attelages différents, s’opposant à Bernard Michel qu’il coache, à Sébastien Mourier qui vient avec certains chevaux que vous avez vus à Bordeaux pour la World Cup™ et Frédéric Bousquet.

En solo, Camille Darribeau, Delphine De Jotemps, Benoît Vernay, Claire Lefort, Axel Decourtye, Michel Vignaud, etc.

         Je vous encourage à vous rendre sur place. C’est un événement unique riche d’enseignements, de rencontres, de découvertes qui alimentent la passion.

Louis Basty, créateur de l’événement, n’aurait jamais pu réaliser cette semaine sans un tissu de volontés humaines tressé serré. Je nommerai sans ordre d’importance car je l’ignore, Adeline et Bruno Romano, Philippe Gras, Lucile Cottino, Edith De Craene, tous les élèves BPJEPS, CS Cochers et employés mis à contribution dont la liste est longue, Karine Renard pour les photos et les compte rendus quotidiens, Clémence Bénézet, Anne-Sophie Lautier,…et bien sûr son épouse, Laure Basty qui ne ménage pas sa peine pour aider et supporter son abominable caractère durant cette période me confie-t-il.

N’oublions pas Cécile Roman qui tient le bureau des calculs jusqu’au 8 mars. Les époux Roman ont toujours été très présents comme compétiteurs également au Printemps de l’attelage.

Cécile Roman

©Heliosness

 

 

 

 

 

 

 


  Commentaires
-Uzès par (06/03/2017 11:50:50)
Bravo à Louis Basty et ses bénévoles pour l'immense travail que tout cela doit représenter. On comprend l'agacement face au duo fédéral.
-et les juges ! par Jazzpote (06/03/2017 14:48:03)
Un grand merci aussi aux juges qui se relaient pendant 15 jours pour aider à la réussite du concours
-2eme week end par QUIDAM (06/03/2017 21:58:19)
54 amateurs 1 et 18 amateurs élite, et non 55 comme indiqué dans l'article
-au temps pour moi par Heliosness (07/03/2017 08:44:22)
C'était donc 54 dont 1 tardif et non plus 1 tardif. Je ne savais pas qu'on pouvait concourir avec une invitation.
-Invitation, Règlementation par Heliosness (10/03/2017 19:17:35)
Jean-François Trangosi a eu la gentillesse d'apporter cette précision concernant les invitations à concourir, les procédures invitation et engagement de terrain sont identiques. L'invitation est prévue pour palier à l'interdiction d'engager sur le terrain quand cette dernière a été inscrite sur la DUC. A la page 28 du Règlement Général de la FFE, point M, il est écrit :
"M - Invités Un organisateur dispose de 15 invitations par épreuve : cette disposition lui permet de rajouter personnellement jusqu'à 15 couples dans une épreuve. Les procédures sont celles d'un engagement terrain. Ces engagements ne sont pas comptabilisés dans les limitations éventuelles. Pour les concours à gestion FFE COMPET, les couples invités peuvent être enregistrés par l'organisateur avant le début du concours."
En clair, pour chaque épreuve, l'organisateur peut accepter jusque 15 engagements supplémentaires. " La part fixe FFE des engagements sur le terrain correspond à trois fois le montant de la part fixe FFE d'un engagement avant clôture. L'organisateur fixe librement la part organisateur de l'engagement. Le montant total de l'engagement terrain doit être stipulé sur la DUC." (D. page 27)
Il va de soit que le nombre total d'engagés ne peut excéder le nombre maximum de concurrents qu'un même juge est en droit de juger en un jour, soit 40 selon l'article 3.3 du Règlement spécifique.
-MERCI par BADO (14/03/2017 20:20:09)
En tout cas MERCI à LOUIS, ADELINE et tous les bénévoles qui les entourent.
MERCI à tous ces passionnés qui malgré les obstacles rencontrés parviennent à ce résultat !
BADO