Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 19/03/2020 08:45:01
Rubrique : Vétérinaire-Santé, lu 696 fois. 3 commentaires
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COVID-19, les missions du véto


 

          Depuis mon message de dimanche dernier, les choses ont évolué, pour vous comme pour moi, bouleversant notre quotidien.

          L'Ordre des vétérinaires, a ainsi défini notre cadre de travail dans le contexte actuel où chaque déplacement et chaque contact doit être réfléchi. C'est bien sûr évolutif et mon sentiment est que nous allons aller vers un confinement total  tellement tout le monde trouve d'excellentes raisons de déroger "exceptionnellement" aux règles imposées. Malgré tout, même en confinement total, les chevaux ne seront pas laissés sans soins.

          De ce fait je viendrai quoiqu'il arrive dans les cas suivants:

          - Colique

          - Boiterie avec suppression d'appui: que ce soit pour un abcès de pied ou une arthrite septique. Fourbure aiguë

          - Plaie importante nécessitant suture

          - les vaccinations grippe et rhinopneumonie car l'impact sanitaire et économique d'une épidémie virale de grippe ou de rhono dans les mois qui viennent, serait désastreux. Par contre, ce n'est pas une urgence et les vaccins peuvent être décalés de quelques semaines sans problème, donc il faut essayer de regrouper, et je les ferai avec une seule et unique personne pour m'accompagner.

          - choc allergique

          - assistance d'un poulinage dystocique

          - ophtalmologie: syndrome oeil fermé (uvéite, ulcère, plaie). Ca ne concerne bien sûr pas l'oeil avec quelques écoulements.

          Tout le reste devra être différé. Pour les suivis gynécologiques, heureusement encore peu fréquent pour notre région à cette période, l'Ordre nous a clairement indiqué de ne plus les faire. Les éleveurs continuant de transporter les juments pour les emmener à la saillie, profitant des très nombreuses dérogations au confinement, doivent s'attendre à ce qu'un nouveau décret confine les chevaux car il semblerait que cela pose problème aux autorités.

          Pour finir, une petite histoire à méditer. Il y a eu en 1720 une épidémie de peste à Marseille. Lorsqu'un navire ayant des cas de peste à bord a été annoncé, les autorités ont décidé de le mettre en quarantaine pour protéger la ville. Mais les marchands d'étoffe avaient besoin des tissus que contenait ce navire. Ils ont donc envoyé de nuit des bateaux chercher la marchandise. On ne savait pas à l'époque que la peste est une bactérie transmise par les puces. Puces qui ont débarquées avec les tissus. Et la moitié de la population est morte. La vérité historique est certainement plus complexe, mais ça ne change rien au fait qu'il nous faut éviter d'être ces marchands.

          Depuis que la plupart des écuries et centre équestre ont fermés leur portes, je reçois beaucoup de demandes d'attestation, certificats, ordonnances pour prouver que untel ou unetelle a une excellente raison de venir voir son cheval malgré l'arrêté de confinement. Pour l'un, ce sera une prescription de produit anti gale de boue à appliquer lui même quotidiennement, pour l'autre une pommade ohtalmique pour un écoulement chronique, ou même un certificat disant que si le cheval n'est pas travaillé, il risque de se démuscler.

          Soyons clairs, il est impossible pour moi, vétérinaire sanitaire, de favoriser les mouvements de personnes. Seul une raison extrêmement sérieuse me permettra de le faire et dans ces cas là la question ne se posera pas. Les pensions dans lesquelles sont hébergées vos chevaux ont votre confiance toute l'année pour s'en occuper "en bon père de famille". Aujourd'hui la situation est extrême et saluons plutôt le travail des responsables qui vont devoir gérer un afflux de travail colossal, avec souvent un personnel réduit. Oui, les chevaux vont se démuscler, oui, le travail des dernier mois risque d'être un peu "oublié", oui il faudra redonner de la condition physique avant de repartir en compétition, oui il y aura malheureusement des coliques comme à chaque fois qu'un cheval voit sa routine de vie modifiée. Mais oui, devant le défi sanitaire humain qu'on nous demande de relever, il faut accepter cela.

          Pour ceux qui m'auront lu jusqu'au bout (mais après tout, on a le temps maintenant!), deux petits liens intéressants:

          https://crehautsdefrance.com/2020/03/18/%f0%9f%93%9brappel-de-votre-cre-covid-19/

          https://www.institut-droit-equin.fr/upload/Note_responsabilite_etablissements_equestres_Covid_19.pdf

         

          Matthieu Laviron Docteur vétérinaire

 


  Commentaires
-vetos par Larghetto (19/03/2020 10:59:28)
tout ceci est valable, je suppose, pour tous les vétérinaires de France ?
-probable par JeanClaudeGrognet (19/03/2020 11:38:29)
Je pense que oui, à l'origine c'est une directive de l'Ordre des vétos de limiter au stricte nécessaire les déplacements même professionnels.
-pour info par JeanClaudeGrognet (19/03/2020 11:42:02)
sur Chantilly, les propriétaires logeant les chevaux chez eux sont limités à des sorties extérieures dans un rayon de 500m maximum