Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 26/08/2020 14:38:21
Rubrique : Vétérinaire-Santé, lu 551 fois. Pas de commentaires
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CONFINEMENT, le bilan du véto


 

LE CONFINEMENT DU PRINTEMPS 2020

          Cette période a été très mal vécue pour la plupart des propriétaires qui se sont sentis exclus de la vie de leur cheval, et qui ont eu du mal à comprendre les décisions préfectorales et les pseudo annonces ministérielles. Malheureusement, cette « improvisation » des autorités a souvent opposé les propriétaires et les responsables des pensions, alors que les uns et les autres subissaient les mesures prises, les éventuelles sanctions, et étaient finalement dans le même camp. Je ne reviendrai pas sur le confinement en temps que tel ni les évènements qui l’ont émaillé, j’avais déjà donné mon sentiment sur ces questions durant cette période.

          Par contre, avec le recul, on peut observer quelques éléments intéressants.

          Tout d’abord, félicitons les responsables d’écurie pour l’excellente gestion des chevaux dans cette période. Le surcroit de travail occasionné, la responsabilité supplémentaire en cas de soucis, la pression qui a été mise sur leurs épaules… Bref, ils ont montré qu’ils méritaient la confiance que les propriétaires leur font en leur confiant leurs chevaux, et leurs capacités d’adaptation.

          Moi le premier, j’étais persuadé que cette réduction du travail des chevaux, plus de temps au box, moins de « papouilles » quotidiennes etc.… allaient occasionner des problèmes digestifs (coliques de stases) ou des problèmes comportementaux. Avec le recul, force est de constater que les chevaux ont très bien vécu cette période. En contact avec de nombreux vétérinaires équins dans toute la France, je peux vous dire que ça a été le cas partout et que tous ont comme moi constaté la quasi absence de pathologies durant cette période, que ce soient les coliques ou les infections, les plaies, les boiteries etc…En chiffre, mon nombre de colique du printemps (mars-mai) a diminué de 60% entre 2019 et 2020. Note d’information – été 2020

          Au-delà de la surprise, on peut avancer quelques explications pour expliquer ce phénomène constaté partout en France. Mes pistes de réflexions sont totalement subjectives mais assez logiques.

          Expliquer la réduction du nombre de coliques : les coliques sont des troubles digestifs et on sait depuis longtemps que les chevaux ont besoin d’une grande routine alimentaire pour que le système digestif particulièrement fragile fonctionne normalement. Au naturel, ils ne consomment que du fourrage, de manière régulière. Peu ou pas de changements de régime alimentaire, de l’herbe, plus ou moins riche suivant les périodes de l’année.

          Pendant le confinement, les chevaux ont retrouvé cette routine alimentaire. Fini le kg (ou les 2 kg, les 3kg ?) de carottes une à deux fois par semaine, la ration de concentré qu’on augmente de temps en temps pour « compenser » un travail un peu plus soutenu, le repas de foin ou de concentré décalé dans le temps pour aller 2h en ballade ou pour le cours de 19h…. J’ai l’impression que cette période particulière nous a particulièrement montré l’importance de cette routine. Si l’on prend l’exemple du kg de carotte donné « une fois de temps en temps », heureusement, la plupart des chevaux ne présenteront aucun signe apparent de désordre digestif. Mais on sait que les enzymes de la digestion ne sont pas forcements adaptées à cet apport alimentaire extraordinaire au sens propre. D’où une inflammation quasi systématique de la muqueuse intestinale, une production de gaz, une dépense d’énergie plus importante pour assimiler ça. Les vétérinaires américains ont édicté d’ailleurs une liste de recommandation pour limiter le nombre de coliques dans une écurie, et le confinement a parfaitement illustré la justesse de leurs recommandations :

Matthieu Laviron (extrait de la lettre d'informations été 2020)


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