Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 28/02/2009 05:37:48
Rubrique : Les références > Dressage : technique, lu 3473 fois. Pas de commentaires
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De l'achat du cheval au Championnat du Monde... un long chemin (3/5)


 

 

 

Le chemin est long de la coupe aux lèvres… Il faut en principe, et généralement quelques semaines pour mettre un cheval de selle à l'attelage. Il faudra quelques mois pour qu'un cheval docile et pas très compliqué devienne un cheval d'attelage de loisir.  Il faut un peu plus de temps pour donner des rudiments de menage à une personne déjà habituée aux chevaux. Il faudra 3 ou 4 années de travail pour que le cheval à vocation sportive parvienne à maturité.

Il faudra toute une vie à une cavalier ou un meneur pour acquérir  la Connaissance , la Sagesse, l'Humilité et la Philosophie qui font  " l' Homme de Cheval " . Très  peu y parviennent.

JCG

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par Tjeerd Velstra, Champion du Monde en 1982 à Apeldoorn

Tjeerd Velstra avec des chevaux de la race légère néerlandaise WPN

 

 

 

La fois dernière, nous avons parlé de la formation des chevaux pour l’attelage à un et à deux. A la fin, nous avons déjà abordé l’attelage à quatre et les premières sorties. Nous traiterons cette fois-ci des problèmes qui peuvent se présenter dans un attelage à quatre chevaux.


Cheval qui ne marche pas droit


Lorsque l’un ou l’autre des chevaux d’un attelage à quatre ne marche plus droit, il est préférable de le changer de place. Les timoniers entre eux, puis la même chose avec les chevaux de volée. On échange ensuite entre eux les volées et les timoniers, jusqu’à ce qu’on puisse affirmer que c’est chaque jour un plaisir de les mener ainsi, qu’ils vont bien ensemble et que tout l’attelage marche bien droit. C’est alors seulement qu’on recommence à travailler en dressage, et pas avant, sans quoi les problèmes ne font que s’accroître, et il en surgit chaque jour de nouveaux. Prenez garde de remédier immédiatement et à fond aux problèmes qui peuvent se poser avant de vouloir franchir une nouvelle étape.



 

                                      a: attelage à 4 qui marche droit

                                      b: chevaux mal positionnés et ajustés incorrectement

Tournants


            Les timoniers posent un problème qui surgit presque toujours dans les tournants: il leur semble parfois bon de tourner avant les chevaux de volée, et ceci en plus en fuyant en partie sur l’épaule. Un bon timonier reste bien au timon. Mais il arrive aussi qu’un cheval qui s’écarte du timon attelé à deux reste bien au timon dans l’attelage à quatre, à condition de toujours effectuer les tournants correctement et d’offrir une résistance suffisante.

         Si on prend en plus garde par exemple d’amener, dans un tourner à droite, le bout du nez du timonier de droite vers l’arrière-main du cheval de volée de gauche, il voit ((de l’air» à sa gauche et s’engage de lui-même droit dans le tournant. L’incurvation et le changement de flexion sont alors reçus avec plus d’attention. Lorsque les chevaux y sont accoutumés dès le début, un timonier éventuellement médiocre en attelage à deux peut apprendre dans l’attelage à quatre à bien marcher en avant — justement parce qu’il a des chevaux devant lui.

         Si l’on n’offre pas assez de résistance dès le début et que les timoniers ne sont pas assez soutenus par le fouet, les chevaux apprennent immédiatement à tomber sur l’épaule, autre habitude qu’il leur est très difficile de faire perdre. Il est donc très important de tenir compte de ce fait.


Timoniers passifs


            Il peut aussi arriver qu’un timonier ne veuille carrément pas tirer. En voyant les chevaux de volée, il se dit: ((ils peuvent certainement faire le travail sans moi, je me retire!», Il faut

donc s’assurer que les chevaux de volée ne tirent jamais, sauf en terrain profond; il ne doivent tirer que lorsque c’est indispensable.

         En situation normale et au cours du dressage, les timoniers tractent 100% de la charge, et ceci pendant toute la durée de l’exercice. Pendant la période de formation, de nombreux meneurs rallongent par commodité les guides de volée, et voilà tout le train qui s’étire. Les timoniers ne tardent pas à remarquer que les chevaux de volée tirent, et ils se contentent alors de les accompagner sans tirer eux-mêmes. Voilà encore une habitude qu’il est très difficile de faire perdre aux chevaux, et il est ardu de les remettre au travail.

         Répétons: les timoniers doivent toujours être mis en avant et soutenus par le fouet, ils doivent toujours être actifs, en particulier dans les tournants. En forêt déjà, il faut carrément reprendre les volées avant d’aborder un tournant.


         Les traits des chevaux de volée ne doivent pas être trop courts. Beaucoup de meneurs affirment que les traits des chevaux de volée doivent être courts; je suis d’un avis contraire. C’est un grand avantage que d’avoir des traits un peu plus longs devant, et un écart de 60 cm entre le palonnier et l’arrière- main des chevaux de volée ne pose pas de problème. S’il devait une fois arriver que les chevaux ruent par dessus les traits, il est préférable que ceux-ci soient assez longs pour qu’on puisse facilement les décrocher, surtout avec les jeunes chevaux. Un autre avantage: il est plus facile de reprendre les chevaux de volée avant un tourner, et les timoniers peuvent toujours avancer avec ampleur et disposent d’assez de place. Il est aussi plus aisé de s’introduire dans une brèche et d’effectuer des « tourners » serrés dans le terrain.


 

                            c: chevaux fuyant sur l'épaule, se défendant

                            d: attelage à 4 décontracté effectuant un tourner correctement

 

 

Timoniers qui galopent


            Il peut arriver, lorsque les timoniers tirent bien, que l’un d’eux se mette soudain à galoper. Il semble être lassé d’être toujours dans l’attelage. Lorsque ce problème surgit, il faut immédiatement réduire la vitesse afin que le cheval retrouve son équilibre et reprenne le rythme. Une fois cet objectif atteint, on peut essayer de mener à nouveau un peu plus vite. Mais il y a des chevaux qui prennent sans cesse le galop lorsqu’ils sont sous le harnais. On peut y remédier en les montant, peut-être en les attelant seuls. Si cette thérapie reste sans succès, il faut considérer que le cheval ne se prête pas pour le sport d’attelage. Les chevaux doivent être dotés de nature d’un bon trot qui leur permet d’atteindre 18 à 20 km/h sans que ce problème ne se pose.

         Le mieux est de vendre au plus vite un cheval qui prend sans cesse le galop, car il ne fait qu’irriter le meneur et les autres chevaux; et si on est irrité, le plaisir et la joie d’atteler sont inexistants. Notez bien: un bon cheval ne mange pas plus qu’un mauvais


Autres exercices de perfectionnement


         Il n’est pas recommandé d’atteler les chevaux toujours dans la même position. Il faut les changer régulièrement de place et essayer d’obtenir des chevaux qu’ils aillent partout, ce qui bien sûr ne saurait toujours réussir. Il est certes réjouissant d’avoir un attelage à quatre dont on peut dire que c’est ainsi qu’il va le mieux, mais on devrait tout de même essayer de placer les timoniers à l’avant.


         L’attelage en tandem constitue un excellent exercice pour le meneur comme pour les chevaux — je le pratique moi-même fréquemment. Le tandem est le meilleur moyen d’entraîner les chevaux de volée — il est clair que c’est également valable pour les timoniers. Ils sont en effet seuls, aucun cheval ne les accompagne de côté (appui). De nouvelles voies s’ouvrent au meneur, il doit réagir beaucoup plus vite dans toutes les situations, car le cheval de volée du tandem peut se retourner très vite. Si le brancardier et le cheval de volée sont bien soutenus par les aides et ont la possibilité de marcher énergiquement en avant, ils s’améliorent beaucoup et gagnent en indépendance.


         Il est donc important — je le répète — de changer régulièrement les chevaux de place. Si les chevaux de volée ne vont momentanément pas aussi bien qu’à l’accoutumée, on les attelle pour deux semaines isolément ou ensemble à la place des timoniers. On les replace ensuite à l’avant, et ils vont tout soudain encore mieux qu’avant. A l’arrière, ils ont appris à obéir aux aides, le meneur ayant une influence directe sur les timoniers.


Ajustage correct


         L’ajustage correct des guides est d’une grande importance. En fait, c’est presque ce qu’il y a de plus important dans tout l’attelage. Lorsque les guides sont mal ajustées, l’attelage ne marche jamais bien droit! Chaque manuel d’attelage se consacre largement à cette question. L’ajustage final doit cependant être adapté séparément à chaque cheval et ne peut se faire que par l’observation précise de tout l’attelage.


Chevaux qui ne s’acceptent pas


         Il peut arriver qu’un cheval se défende contre le compagnon qui se trouve à ses côtés ou derrière lui. J’ai moi-même possédé un cheval qui allait merveilleusement bien attelé seul ou en tandem, mais qui commençait à mordre et à botter son compagnon dès qu’il se trouvait dans l’attelage à quatre. J’ai revendu ce cheval sans délai, car il n’existe pas de thérapie garantissant le succès. Un cheval qui est égoïste et intolérant envers les autres ne s’intègre jamais à un attelage; le calme et l’équilibre ne règnent donc jamais. Mais ce cheval est peut-être justement pour cette raison un excellent cheval de selle et on a de la peine à s’en séparer.


         La seule chose qui puisse éventuellement aider, c’est de placer un tel cheval à côté de différents chevaux d’attelage à l’écurie, afin de voir avec lequel il est possible qu’il s’accorde. Mais seul un haras dispose de cette possibilité, car qui peut se permettre d’avoir plus de chevaux que nécessaire. Certains chevaux n’acceptent pas du tout qu’un autre cheval vienne prendre place directement à leur côté. Et ça n’en reste pas moins un problème, car entre temps on travaille déjà quatre ou six semaines avec lui, et on voudrait absolument le garder. Pas de problème en attelage à deux, le timon séparant les chevaux. Que faire donc lorsque, attelé à quatre, un cheval frappe et mord les autres? Très peu, je dois dire.


         La seule chose qu’on puisse taire pour l’empêcher de mordre est de placer un enrêne- ment à l’extérieur en le fixant directement à l’embouchure et au mantelet. Sa longueur doit être telle que le cheval ressente un coup dans la bouche et la douleur qui l’accompagne lorsqu’il veut mordre. Si ça ne suffit pas, on peut fixer en plus une brosse circulaire en poil dur sur la partie intérieure du mors. Cet effet douloureux supplémentaire accentue l’avertissement donné au cheval qui mord. Quoique je suis opposé à de tels remèdes drastiques, mais on ne se sépare pas volontiers d’un cheval qui à part de cela va très bien avant d’avoir tout essayé. J’ai moi-même possédé un frison qui avait été castré trop tard et que j’aimais bien avoir dans l’attelage; ce n’est qu’ainsi que j’ai pu le corriger.



 

Les causes sont souvent floues


            Il existe encore nombre de choses qui peuvent soudain surgir, et il est important de beaucoup observer et d’essayer de trouver soi-même la façon de corriger les nouvelles fautes. Si vous êtes confronté à un problème, réfléchissez-y calmement, installez-vous le soir à dans un coin tranquille, consultez la littérature — il existe nombre de bons ouvrages spécialisés qui traitent de telles difficultés. Chaque jour, de nouveaux problèmes se posent; il ne faut pas les ignorer, mais y réfléchir ou se renseigner auprès de personnes compétentes. Il ne faut en aucun cas continuer à mener sans que quelque chose ne change.


         Il faut essayer de trouver pourquoi le cheval réagit soudain autrement, il faut essayer — psychologiquement parlant — de se mettre dans la peau du cheval. li se peut qu’il ait peur, toutes sortes de choses peuvent jouer un rôle lorsque un cheval modifie soudain son comportement, lorsque tout d’un coup il n’avance plus, est sur la main ou commence à taper.

         Ma première pensée est de savoir pourquoi il agit ainsi. Il peut avoir des douleurs ventrales, peut-être le harnais frotte-t-il — il existe un nombre incroyable de petites choses qui peuvent influencer nos sensibles quadrupèdes — et la première chose à faire est d’y réfléchir.

 


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