Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 09/03/2009 13:51:08
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De l'achat du cheval au Championnat du Monde... un long chemin (4/5)


 

Le chemin est long de la coupe aux lèvres… Il faut en principe, et généralement quelques semaines pour mettre un cheval de selle à l'attelage. Il faudra quelques mois pour qu'un cheval docile et pas très compliqué devienne un cheval d'attelage de loisir.  Il faut un peu plus de temps pour donner des rudiments de menage à une personne déjà habituée aux chevaux. Il faudra 3 ou 4 années de travail pour que le cheval à vocation sportive parvienne à maturité.

Il faudra toute une vie à une cavalier ou un meneur pour acquérir  la Connaissance , la Sagesse, l'Humilité et la Philosophie qui font  " l' Homme de Cheval " . Très  peu y parviennent.

JCG

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par Tjeerd Velstra, Champion du Monde en 1982 à Apeldoorn

  

Le dressage

         Le dressage ne peut pas être comparé à un système programmé; le dressage devrait être mené avec décontraction, de façon que les chevaux présentent en piste un travail tout de légèreté et de perfection. Une présentation de dressage dans un style programmé est favorable à la notation — elle permet aussi d’obtenir de bons points — mais le naturel, la liberté qu’un cheval devrait refléter font alors défaut.

         Comment y parvenir? A mon avis, on ne devrait jamais trop exercer l’épreuve de dressage, donc ne pas répéter chaque jour l’intégrale de l’épreuve et effectuer la reprise sans relâche, ceci plusieurs fois par semaine, Il est clair que les chevaux doivent à peu près savoir ce qui se passe où et quand, mais ils ne doivent en fait effectuer les figures que sur l’ordre du meneur, et pas parce qu’ils les connaissent par cœur: "maintenant une volte, et voilà le trot allongé, et maintenant le reculer». Ça peut être dangereux, pas nécessairement lorsqu’on marche en avant, mais par exemple lors du reculer. Lorsque les chevaux ont l’habitude de toujours s’arrêter en G, puis de rester immobiles dix secondes pour ensuite reculer, il est fort probable qu’à brève échéance, ils ne resteront plus immobiles dix secondes, mais plus que deux ou trois, qu’ils commenceront à devenir nerveux ou anticiperont le reculer. Le contrôle sur les chevaux n’est alors plus assuré, particulièrement dans cet exercice.

         Lors de l’entraînement en dressage, il est très important d’atteler les chevaux seuls ou en paire. Si on les conduit uniquement en attelage à quatre, les chevaux ne tarderont pas à prendre de mauvaises habitudes. Il est donc primordial d’exercer des extraits de l’épreuve de dressage à un ou à deux. Mais l’essentiel est de monter les chevaux. Tous mes chevaux sont formés en dressage jusqu’au niveau M; les différentes allures sont bien mises au point sous la selle. Un autre avantage des chevaux bien montés: on peut mieux travailler avec le fouet qu’avec ceux qui ne sont jamais sellés. La cravache ne sert pas à développer le mouvement en avant, on peut toucher le cheval là où on agit normalement avec la jambe. Il sait alors qu’il ne doit pas avancer plus mais céder latéralement, ce qui est particulièrement important pour les timoniers.

         Il ne faut donc pas mener tous les jours en dressage, mais plutôt élaborer un entraînement varié. Lorsque je ne travaille que le dressage le lundi, par exemple, j’effectue une sortie le mardi et le mercredi, et le jeudi, c’est à nouveau le tour du dressage. J’inclus ensuite une nouvelle variation, par exemple un peu de dressage et d’obstacles le vendredi, nouvelle sortie le samedi, et jour de repos le dimanche.

         Les chevaux doivent avoir un jour absent de travail par semaine. J’ai un avantage: mes chevaux sont également utilisés par les élèves pour l’attelage et le dressage, ce qui fait que je ne dois pas consacrer beaucoup de temps à la mise en condition.

         Mon entraînement journalier se limite donc à 1 h à 1 h 1/2, vu que les chevaux sont affectés à une autre tâche pendant une heure par jour. Ils travaillent deux heures par jour en moyenne, à part le dimanche. Pendant la saison de concours, ils travaillent la plupart du temps pendant le week-end, et il ne faut que maintenir la condition physique pendant la semaine.

         Comment recommencer à travailler les chevaux au printemps, après qu’ils aient été montés tout l’hiver et utilisés pour quelques épreuves d’attelage dans le cadre de l’école?

         Je commence par atteler les chevaux à quatre, afin de me faire une idée de l’état des choses. Je prête tout d’abord attention à ce que les chevaux avancent régulièrement, surtout en ce qui concerne la différence de vitesse des chevaux aux différentes allures. La prochaine fois que j’attelle, si le timonier droit est par exemple trop chaud, je lui donnerai un peu plus de travail avant d’atteler, soit en le longeant, ou alors en le laissant se détendre en liberté dans le manège. Il est ensuite attelé, et ainsi tous les chevaux avancent à peu près avec le même élan. En attelage, et particulièrement en dressage, il est très important que les chevaux marchent, s’arrêtent, reculent, allongent le trot, etc., régulièrement, avec les mêmes aides, et tous les quatre ensemble.

         Je considère moi aussi qu’il est primordial que les chevaux obéissent à la voix. Chacun doit connaître son nom. Comment le leur apprendre? J’attelle le cheval seul, j’avance, dis WALK ON ou TROT, et ensuite vient le nom du cheval, par exemple Toro ou Mambo. Chaque fois que je prononce son nom, je touche légèrement le cheval avec le fouet; ainsi, il sait exactement qu’il doit avancer lorsque ma voix prononce son nom. Si cet exercice est répété régulièrement, les chevaux savent exactement, au bout d’une semaine environ, qu’ils doivent réagir lorsqu’ils entendent leur nom. Ainsi, lorsqu’un cheval reste un peu en retrait des autres dans l’attelage à quatre, il ne reste plus qu’à citer son nom, et il réagit immédiatement. S’il ne réagit pas, il faut le mettre en avant avec le fouet, même dans l'attelage à quatre.

         J’effectue beaucoup de figures, voltes, serpentines, etc., pour assouplir les chevaux, mais jamais à une vitesse très élevée. Je franchis les lignes droites avec un peu plus d’impulsion, au trot de travail ou au trot moyen, afin de les mettre un peu plus en avant. Lorsque j’en arrive aux tourners, je reprends un peu, et passe pour le moins au trot de travail. J’exerce peu le trot rassemblé, car les chevaux perdent le rythme. A mon avis, le mouvement des chevaux ne perd en rien son amplitude au trot de travail, ou par exemple ou trot moyen sur une grande volte.

         Lors de l’épreuve, il suffit de reprendre un peu plus pour la figure " trot rassemblé», de soutenir avec le fouet, et le trot rassemblé est là. Si on travaille trop au trot de travail ralenti ou au trot rassemblé, les chevaux perdent leur impulsion. Lorsqu’on effectue une volte ou un huit deux ou trois fois, il faut toujours mener de temps en temps un phase au trot allongé, comme en équitation; c’est-à-dire que, lors des exercices difficiles nécessitant le rassembler, il faut toujours laisser de temps à autre les chevaux avancer afin qu’ils gardent leur impulsion

         A quoi faut-il encore prêter attention dans un attelage à quatre?

            Les timoniers ont un bon contact avec le mors, ils avancent bien et ont une bonne impulsion. Les chevaux de volée doivent se déplacer avec légèreté, vu que lors d’une épreuve de dressage, ils ne soutiennent l’attelage que sur les lignes droites, au trot allongé et au pas; à part cela, ils ne tirent pour ainsi dire jamais. Ils peuvent donc se mouvoir tout en élégance et en légèreté, indépendamment de l’attelage. Il n’est pas possible d’établir un contact correct avec la main si les chevaux sont trop durs de bouche, et ils tombent alors facilement sur l’épaule. Lorsque les chevaux avancent d’eux-mêmes et sont légers sur la main, on peut bien les incurver dans les tourners, et leur allure est plus régulière. Les timoniers peuvent en revanche appuyer un peu plus sur le mors, le contact peut être un peu plus intense. Si les guides des timoniers sont trop longues, il n’est possible ni de les diriger ni de les placer convenablement, ce qui peut entraîner de véritables problèmes. Il faut soutenir correctement les timoniers avec le fouet afin qu’ils marchent toujours bien en avant, qu’ils ne sortent pas du train et perdent ainsi leur légèreté. Il faut les soutenir encore plus intensément lorsqu’ils doivent beaucoup tirer, par exemple en terrain lourd; sans quoi ils risquent de perdre leur impulsion et leur placer correct.

         Comme nous l’avons déjà dit dans l’article précédent, il faut prendre garde que les timoniers restent dans la trace des volées lors des tourners, donc qu’ils marchent sur une piste. On peut exagérer à l’entraînement, mais les timoniers doivent exactement suivre la trace des chevaux de volée pendant les épreuves de dressage. Si on entraîne trop sur une piste, c’est la régularité du mouvement de tous les chevaux — donc de la figure — qui en pâtit. Si on reprend trop les volées dans les tournants, les timoniers ont tendance à s’énerver, et la figure n’est plus régulière.

         Les tourners ne sont pas aussi difficiles à effectuer qu’il peut paraître; il faut cependant que les chevaux soient redressés immédiatement après la conversion. Lorsqu’on remarque que ce n’est plus le cas, on peut par exemple croiser les chevaux, ou alors exercer jusqu’à ce qu’ils avancent bien droit après les tournants.
Comme nous l’avons déjà dit en introduction, il ne faut pas exercer trop souvent la reprise intégrale, mais plutôt des phases de cette dernière, des exercices en ordre inverse ou différentes parties dans un autre ordre, etc., afin que le tout reste intéressant pour les chevaux.

         C’est évidemment plus facile au printemps, car les chevaux n’ont encore participé à aucun concours, et ils ne savent pas encore exactement ce qu’on va exiger d’eux. Les chevaux d’un certain âge, qui sont habitués à la compétition, savent à peu près ce qui les attend en entrant dans la carrière de dressage déjà. Celui qui a trop souvent exercé la reprise remarque rapidement que les chevaux savent exactement ce qui va venir. On veut s’arrêter en X, et les chevaux sont déjà immobiles avant qu’on ait pu effectuer la parade; les chevaux ne sont pas sous contrôle et n’obéissent pas aux aides; ils avancent dorénavant sans entrain, car ils attendent par trop l’exercice suivant.


         Il faut prendre garde que les chevaux développent assez d’impulsion à la maison ou sur le paddock d’entraînement et les entraîner dans ce sens. Les routiniers savent exactement que dès qu’on pénètre sur la carrière, le «patron» ne peut plus se servir beaucoup du fouet, car les reprises en main trop sévères troublent l’impression générale, et les chevaux dotés d’une certaine intelligence affichent immédiatement une réaction. Ils deviennent nonchalants ou passifs. On peut le constater dans nombre d’épreuves, lorsque la démonstration devient de plus en plus lente une fois la moitié de la reprise effectuée, les chevaux s’allongeant et perdant leur impulsion.

Chester Weber USA . WDC Beesd 2008

 

         Si la possibilité est offerte de participer a des concours peu fréquentés, mais avec une carrière conforme, en début de saison, il faut en profiter pour travailler les chevaux pendant l’épreuve. On peut prendre le long fouet, bien mettre en avant les chevaux de volée, afin qu’ils se disent: attention! ça n’arrive pas que sur le paddock d’entraînement, mais aussi sur le carré de dressage, le « patron » est toujours là!
         En fait, on devrait se prêter assez souvent à ce genre d’exercices, sans quoi les chevaux deviennent si malins qu’ils vont merveilleusement bien sur la place d’entraînement, avant chaque concours. Cependant, dès qu’on pénètre sur la carrière, ont sent qu’il n’y a plus rien. On s’arrête pour le dernier salut, et voilà que les chevaux ont déjà retrouvé leur impulsion Pourquoi? Ils savent exactement qu’à présent on va tourner à main droite, s’engager sur la diagonale, et rentrer aux écuries.

         Il faut toujours prendre garde qu’il y ait un peu de pression sur les guides; dix grammes peuvent déjà suffire, il n’y a pas besoin que ce soient dix kilos par cheval. Lorsque je cède un peu à la pression avec la main, les chevaux savent qu’ils doivent aller plus en avant, et il s’ensuit un allongement sensible de l’allure. C’est évidemment difficile lorsque le terrain est lourd ou la carrière de dressage mal plate.

L’épreuve de dressage

         Il faut faire attention de bien mener les différentes phases de l’épreuve de dressage. Les figures sont très importantes, et la première chose à apprendre, c’est à effectuer de bonnes figures. Ce sont déjà les premiers points de gagnés. Secondo, les chevaux doivent afficher la meilleure incurvation possible. Ils doivent regarder dans la direction du mouvement et présenter les différentes cadences correctement. Il n’est certainement pas correct d’effectuer toute l’épreuve de dressage au même trot de travail.

Boyd Exell  AUS . WDC Beesd 2008

 

 

         Le trot rassemblé et le trot de travail doivent être bien distincts, le trot allongé doit être chargé d’impulsion; en fait, à la limite des possibilités des chevaux sans qu’ils prennent le galop; il faut donc obtenir le maximum possible d’extension de l’allure. Il ne faut pas se précipiter immédiatement au trot allongé en s’engageant sur la diagonale, mais d’abord redresser l’attelage et allonger progressivement l’allure. Le trot doit avoir atteint son extension maximale au milieu de la diagonale, et il faut poursuivre ainsi aussi longtemps que possible.

         Je n’exerce jamais le reculer lorsque j’effectue la reprise de dressage intégrale. Si on le fait trop souvent, les chevaux ont tendance à amorcer la figure trop vite. Mes chevaux doivent s’arrêter convenablement en G, je les laisse immobiles une demi-minute au moins, parfois plus, afin qu’ils sachent exactement qu’ils doivent rester en place à cet endroit, et qu’ensuite on repart en avant. J’exerce le reculer de temps à autre sur une autre place, à un autre endroit, ou à un autre moment de la reprise.

 


Chester Weber USA . WDC Beesd 2008

         Que faire si les chevaux reculent mal?

 

         J’effectue cette figure très rarement en terrain lourd, de préférence en terrain dur. On peut s’exercer sur une route en légère pente afin que la voiture roule plus facilement. Si vous ne disposez pas de cette possibilité, les grooms peuvent, sur votre ordre, pousser les roues arrières de la voiture lors du reculer, afin que les chevaux aient moins de difficultés. Lorsqu’un cheval se bloque, le mieux est de lui apprendre à reculer correctement sous la selle ou attelé seul.

         Un cheval qui se précipite en arrière représente un véritable problème. Si on attelle, par exemple, un routinier aux côtés d’un cheval plus jeune qui réagit un peu plus lentement, il y a 95% de chances que la voiture se retrouve de travers, le cheval qui recule trop vite entraînant le timon. En guise d’aide, on peut équiper le jeune cheval d’une guide auxiliaire indépendante. On reprend d’abord le jeune cheval, sans commandement de la voix, et il entraîne avec lui le cheval plus âgé. Il est cependant nettement préférable d’amener le jeune cheval à réagir aussi spontanément que l’autre en l’attelant seul.

         Si le cheval plus âgé continue tout de même à reculer trop vite, il faut le toucher légèrement avec le fouet et le mettre en avant au moment où le jeune cheval hésite, et reprendre celui-ci. Ça a peut-être l’air un peu hétéroclite au début, vu qu’un cheval avance alors que l’autre recule. Il faut beaucoup de calme et de temps jusqu’à ce que le jeune cheval ait appris à reculer régulièrement avec l’autre, et pour que le routinier comprenne qu’il doit attendre un peu.
 

 

 


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