Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 19/03/2009 11:15:23
Rubrique : Les références > Dressage : technique, lu 8123 fois. Pas de commentaires
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Les Cahiers d'attelage.org : Rectitude et Incurvation


 

Cheval Droit, Rectitude,   soyons  philosophe !

                                            

            Avertissement

             Les articles de cette rubrique sont habituellement  dédiés à ceux qui débutent en attelage. Toutefois, pour faire exception à la règle, nous diffusons cette fois ci un article plus "consistant", qu'ils veuillent bien nous excuser, nous restons à disposition pour aborder un sujet ou un autre, il suffit d'en faire la demande.   

            Les informations qui  sont données dans cet article  sont une synthèse des bonnes pratiques en vigueur aujourd’hui, conformément à une approche moderne de l’utilisation du cheval de loisir ou du cheval  destiné à la compétition.

             Le contenu de cet article est  supervisé  par un Comité  composé d’instructeurs diplômés, enseignant l'équitation et  l’attelage,  et ayant une longue pratique de l’attelage de compétition national et  international.

             Le  meneur débutant ou confirmé y trouvera donc des renseignements fiables et incontestables.

Comité :

 Louis Basty : Directeur de l’Ecole du Haras du Pin, meneur international  02 33 12 12 12

Laurent Jelowicki : Directeur de l'Ecole d’Attelage « La Licorne », enseignant  05.57.83.00.18

Vital Lepouriel : Officier du Cadre Noir, ex Directeur de la Section Attelage à l’ENE  02.41.50.20.30

Fabrice Martin: Directeur de l'Ecole d' Attelage "La cavale Merens", enseignant, meneur international    06.08.96.93.41

 

                  

 

Calme, en avant et droit …   tout le monde connait ou presque cette citation du Général L'Hotte.   

"droit" …  est nommé en dernière position et ce n'est pas un hasard.

ü  Impossible d'être droit si le cheval n'est pas "en avant"

ü  Impossible d'être droit si le cheval n'est pas calme

         Pas étonnant  donc  de retrouver  "la Rectitude très loin dans la hiérarchie de la progression méthodique du dressage du cheval (en 5 ème position au plus haut de la pyramide du dressage).

         Faut-il dès lors se désintéresser de la rectitude sur le jeune cheval ? non bien sûr. Il faut voir dans le loin positionnement de cette qualité dans la progression du dressage du cheval, les marques de l'extrême difficulté que cette qualité présente pour être qualifiée de Rectitude avec un grand R.  

source attelage.org

 

         Par nature de part son anatomie le cheval n'est pas droit. Cavalier ou   meneur  ne cesseront  de chercher,  durant  toute  la carrière du cheval de compétition, à améliorer  cette rectitude qui fait tant défaut à certains: " l'homme de cheval avec toute la perfection de l'art passe sa vie à corriger cette imperfectiond'Auvergne- "   

         De naissance le cheval n'est pas symétrique et ses forces propulsives peuvent être déséquilibrées. Naturellement le cheval n'est pas droit, et dans la nature il s'en débrouille très bien! C'est donc l'usage que nous voulons faire du cheval qui conduit à nous torturer autant que lui pendant des heures sur "le carré".  Bien heureux donc  les innocents, mais ils ne découvriront jamais le bonheur de mener ou monter un cheval bien dans les aides, en équilibre, disponible et perméable.

         Droit sur le droit mais aussi droit sur la courbe

         Sur la ligne droite, le cheval est droit  lorsque les traces des postérieurs suivent les tracent des antérieurs. Epaules et hanches participent pleinement au mouvement vers l'avant, l'énergie disponible est utilisée à 100 %, le cheval est bien disposé pour tous les  mouvements qui peuvent lui être demandés. Si le cheval n'est pas droit il y a "fuite" de l'énergie disponible.

         Le cheval est droit sur le cercle, si les hanches ne se dérobent pas, si le cheval ne tombe pas dans  son cercle et suivent les épaules (cheval qui tombe dans son cercle = perte d'impulsion, manque de force).    

Le cheval-Equitation et Sports hippiques- Larousse

 

         Tout ce qui dans la marche en avant du cheval peut "prendre sur l'impulsion" est donc un risque de perte de rectitude: changement de direction, cercles et voltes, passage des coins,  modification de la nature du terrain, pente.

         Il s'agira donc pour le cavalier ou le meneur d'anticiper  par le maintien ou le regain de la trilogie :

 

CALME > IMPULSION >  ----à RECTITUDE dans l'ACTION

                  Il n'en va pas autrement dans la course au chronomètre dans un obstacle de marathon: la parfaite trajectoire qui ne prendra pas sur l'impulsion et que votre ou vos chevaux auront su prendre dans l'impulsion et dans la rectitude faite de souplesse et de calme… vous voilà dès lors pas loin d'un bon chrono ! L'épreuve de  maniabilité est elle aussi un redoutable test pour les chevaux qui manquent de rectitude. 

De quoi s'agit il ?

         Ainsi, tel cheval pourra être plus fort du postérieur droit que du gauche. Il aura donc naturellement tendance à reporter plus de poids sur le postérieur droit… et donc le surcharger.

Que feriez vous à sa place ? : Pli à droite permanent, résistance aux actions de la guide gauche, pas de tension de la rêne droite. Une dissymétrie plus ou moins accentuée de l'amplitude sera décelable notamment au pas. 

 Remèdes : tous mouvements aptes à développer la force du  postérieur gauche. A ce propos le Commandant Licart délivre une liste d'exercices appropriés.

Ø  cercles et voltes à main gauche

Ø  trot enlevé sur l'antérieur droit à main gauche

Ø  obliger le cheval à se pousser vers la droite

Ø  pas de côté vers la droite

Ø  demi-tours sur les hanches à droite, sur les épaules à gauche, galop à droite, galop à faux cercle à main gauche

Ø  le travail des appuyers et pas de côté à gauche vont développer la détente du postérieur droit

Baucher recommandait la recherche du pli inversé par la main seule en fléchissant l'encolure à l'arrêt mais également aux trois allures.

        

Saint Fort Paillard rejoint sans doute Baucher lorsqu'il dit " qu'il ne s'agit pas de rechercher une égale souplesse latérale du cheval des 2 cotés, mais d'obtenir de lui une égale soumission dans la décontraction aux aides droites ou gauches qui permette à la souplesse naturelle de se manifester également des 2 côtés".

Revenons aux sources du mot dressage du Petit Larousse : dresser = plier un animal  à une certaine discipline, dompter.  à méditer …

 

Et l'attelage dans tout cela ?             

         Le Commandant de Salins farouche partisan du travail d'épaule en dedans cite l'exemple d'un travail de redressement sur un cheval d'attelage  par un travail sous la selle approprié.

         Pour Laurent Jelowicki  " je ne mets pas en question  les principes et théories" de nos très  respectés anciens, ils ont nourrit toute ma vie. Aujourd'hui l'enseignement de l'équitation  a évolué et l'on ne parle plus guère des 5 effets de rênes de nos anciens manuels aux élèves

         Aujourd'hui  le message dans sa globalité est le suivant:

         Par principe le cheval doit répondre toujours ainsi : si j'augmente mon action, le cheval doit chercher à s'en éloigner, si je diminue mon action, le cheval doit chercher à  s'en rapprocher. C'est la même chose pour l'action des mains comme pour l'action des jambes. Ainsi pour travailler la rectitude ou les incurvations il faut agir sur 3 points: l'un devant il s'agit des mains,  les autres au milieu et derrière par les jambes. C'est le dosage de ces actions qui va nous conduire au cheval droit sur le cercle, à l'épaule en dedans ou à l'appuyer.  

         Pour l'attelage il y a d'autres considérations à prendre en compte. Si  le meneur maîtrise parfaitement le "devant" il n'en est pas de même du "milieu " ou de "l'arrière". Si en attelage à 1 les brancards posent un problème, d'autres se posent en attelage en paire avec le timon, selon que le cheval se trouve à l'intérieur  ou à l'extérieur. Que dire aussi dans un attelage à 4 chevaux  des chevaux de timons que les chevaux de volée peuvent contrarier et que dire des chevaux de volée pour lesquels le meneurs n'a aucune action autre que celle du bout de devant !   

         Il faut donc dresser le cheval de volée  comme tous les  chevaux d'attelage et  "installer" chez eux des acquis que l'on obtiendra avec  bénéfice   par le  travail sous la selle, les longues rênes, ou l' attelage à 1 par exemple."  

 

            Pour   Vital Lepouriel  "la rectitude correspond à la symétrie dans la souplesse et la force du dos et des hanches.

         Il est important de bien connaitre les effets de rêne d'opposition..... pour ne jamais les utiliser. Toute action qui s'oppose à l'avancée des postérieurs est à proscrire.

 

         Il faut obtenir la flexion du postérieur le plus raide (et donc le plus fort dans la poussée en avant) et développer la poussée du postérieur le plus souple (et donc le mois fort).

 

Un exemple :

 

ü  Pourquoi un cheval d'attelage trotte souvent sur la route avec le bout du nez à droite ?

 

Ø  Parce que le meneur agit sur la guide droite.

 

ü  Pourquoi le meneur tire sur la guide droite ?

 

Ø  Pour rester à droite.

 

ü  Pourquoi a-t-il du mal à rester à droite ?

 

Ø  Parce que le postérieur droit  plus raide pousse plus fort.

 

ü  Que faut-il faire ?

 

Ø  Faire travailler le postérieur gauche qui va ramener l'attelage vers la droite."

 

En conclusion    

         Rectitude, incurvation  ne seraient donc  que soumission aux aides...  Il s'agirait   avant tout que le cheval se soumette à la volonté du cavalier/meneur,  plus que de changer la nature de sa morphologie. Pour d'autres une gymnastique appropriée devrait rétablir une symétrie des forces. Simple finalement ! La Vérité se trouve probablement dans les 2 approches mais laquelle est prépondérante : soumission aux aides ou gymnastique ?  … la poule ou l'œuf ?

         Le cheval, en  répondant aux actions et  en faisant l'effort d'exécuter un peu mieux jour après jour, les leçons qu'un maître bienveillant aura le tact de demander avec à propos sans rester DROIT dans les bottes de la certitude, sera certainement sur le chemin de la Rectitude.

         Tout dépendra comme toujours du tact du cavalier/meneur et de son niveau technique pour mener à bien le travail.

         Vu comme cela, les  dissertations sur l'incurvation de votre chère monitrice ne vous paraîtront être dès lors,  que de vains discours  s'il s'agit de lui plier la colonne vertébrale!  (pas celle de la monitrice, celle du  cheval !)

JCG

 

Bibliographie:

Jean Saint Fort Paillard : l'Equitation

Michel Henriquet – Alain Prévost : l'Equitation, un Art, une Passion

Cdt Licart : Dressage

Etienne Saurel : Le Cheval, Equitation et Sports Hippiques

Lt Colonel Aublet : Manuel d'Equitation

Cdt J de Salins : Epaule en dedans, secret de l'art équestre

Comte de Montigny : Education et Dressage du Cheval

 

 

 


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