Article proposé par Arba, paru le 25/05/2009 10:42:34
Rubrique : Culture générale, lu 10596 fois. 2 commentaires
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Les voitures de l'Empereur Napoléon III


 

 

     L'âge d'or de la voiture hippomobile de grand luxe

 

         Lorsqu’il est élu à la Présidence de la République, le 12 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte devient le Prince président et, quatre ans après, le second Empire proclamé, il sera appelé Napoléon III.

         A son arrivée au pouvoir, il trouvera, dans les remises des Palais Nationaux, au Louvre, au Trianon à Versailles, aux Tuileries, de très nombreuses voitures de service ou de grand gala ayant appartenu à ses prédécesseurs (Napoléon 1er (1814) ; Louis XVIII (1815) ; Charles X (1824) ; Louis Philippe (1848)) et dont certaines seront restaurées à grand frais et utilisées lors d’occasions exceptionnelles. Une partie du personnel de service était resté en poste après le départ des anciens maitres,

         Très rapidement, furent commandée aux grands carrossiers et selliers parisiens : Ehrler, Brune, Roduwart (pour les harnais)… de nouvelles voitures (surtout des berlines) et les nouveaux harnais nécessaires au service de la Cour.

         Le soin de réorganiser les écuries et le service des voitures fut confié au Grand écuyer, le général comte Emile Fleury, qui s’adjoint un de ses anciens officiers d’ordonnance, le général baron Faverot de Kerbrech lui-même secondé par le premier piqueur Henri Thuillier qui durant tout le second Empire resta à la tête du service de l’attelage dont il organisait la composition, choisissant chevaux , voitures et harnais, selon les règles du service à la Française ou en d’Aumont qu’il avait apprises au service du roi Louis Philippe et de Charles X.

         Très rapidement, sous l’impulsion de ces hommes de l’art, les Ecuries Impériales acquirent une réputation universelle de perfection et de suprême élégance. On dira plus tard que, le second Empire fut vraiment l’âge d’or de l’attelage de luxe.

LES VOITURES DE GRAND GALA

         Les voitures de grand gala comprenaient d’abord les sept voitures exposées à Trianon et que l’on ne faisait venir à Paris que pour les très grandes cérémonies. Elles dataient soit du Premier Empire, soit du règne du Roi Charles X.

 

CARROSSE SACRE CHARLES X

         La première était La voiture du Sacre, construite et utilisée pour le sacre de Charles X, à Reims le 27 mai 1825. Restaurée en 1852 pour 86000 francs, c’est un chef d’œuvre de carrosserie, armes et attributs ont été changés pour ceux de Napoléon III ; la housse du siège est de velours cramoisi, brodée d’or fin et garnie de glands et torsades d’or. La caisse à huit glaces porte des cariatides et groupes de cinq renommées dorées aux ailes déployées sonnant de la trompe sur le pavillon, le tout est surmonté de la couronne impériale dorée ; la galerie est en bronze ciselé et doré, les quatre coins portent des aigles de bronze doré ; la garniture intérieure est en velours de soie cramoisi brodé d’or fin ; le train et la caisse sont  richement sculptés et dorés et garnis de bronzes dorés ; le marchepied est à tiroir et forment un escalier une fois déployés , la bourrellerie en maroquin rouge.

         Cette voiture ne sera attelée qu’une fois pour le baptême du Prince Impérial le 14 juin 1856.

         La seconde voiture, dite Voiture du Baptême du duc de Bordeaux, a servi a Napoléon III lors de son mariage avec Eugénie de Montijo, le 29janvier 1853. Son siège à housse est en velours rouge brodé d’or, la caisse sculptée et dorée est à sept glaces avec cariatides ; la garniture intérieure est de velours blanc avec le pavillon brodé d’or et de diverses couleurs par les demoiselles de la Maison de la Légion d’Honneur à Saint Denis., la bourrellerie est en maroquin rouge. Sa restauration aura couté 25000 francs en 1852.

         Sept autres voitures portent des noms de pierres fines : La Topaze, qui aura servi au mariage de Napoléon 1er et Joséphine en 1810, L’Améthyste, La Cornaline, La Turquoise, La Brillante, La Victoire

                                 

LA VICTOIRE

 

 

 

 

LA BRILLANTE

 

 

         Toutes ces voitures avaient des caisses et des trains dorés et sculptés, et des attributs de bronze doré. Les sièges avaient des housses écarlates brodées d’or. Enfin, dernière voiture dorée de grand gala :La Cybèle, provenait des écuries de Napoléon 1er, rachetée pour 10000 francs par Napoléon III elle ne fut jamais utilisée mais offerte par l’impératrice au duc d’Aumale qui l’entreposa à Chantilly.

         Outre ces voitures historiques, furent commandées à la maison Ehrler et payées par la liste civile de l’Empereur, sept berlines de gala et une berline dorée de grand gala pour le service à la Française et encore : deux berlines de demi gala à sept glaces trains dorés, et quatre berlines à trois glaces, train doré.

Tous les anciens harnais de maroquin rouge furent restaurés et redécorés par Roduwart.

LES VOITURES DU SERVICE DE d’AUMONT

LA d’AUMONT DU PRINCE PRESIDENT

Pour le service de d’Aumont, on trouvait dans les écuries :

 

  Douze calèches,

 

CALECHE

 huit grands landaus,

 

 un grand duc,

 

VICTORIA GRAND DUC

 une grande coureuse exclusivement réservée à l’Empereur.

Toutes ces voitures étant à huit ressorts. Soixante chevaux leur étaient destinés.

Les voitures de service quotidien, de Ville et de Campagne

De très nombreuses berlines étaient à la disposition des personnalités de la Cour ainsi que d’autres véhicules de type différent destinés au service quotidien à la ville.

 

BERLINE DEMI d’AUMONT

 

 

BERLINE

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         L’Empereur aimait beaucoup conduire lui-même et sortait quotidiennement aux guides d’un Phaéton attelé d’une paire de chevaux américains qu’il menait à très vive allure, mais sans quitter le trot. Il eut cependant quelques accrochages sans gravité…Sinon, il usait fréquemment d’un Brougham attelé à de superbes chevaux russes.

NAPOLEON III AUX GUIDES

         L’impératrice usait pour ses sorties discrètes, du landau bleu, sans livrées ou, à la campagne, d’un char à bancs sans prétention

         On trouvait aussi des Breaks, des Woursts, des Omnibus privés pour le transport du personnel, des Broughams et Dorsays.

 

WOURST

         Les voitures à deux roues n’étaient représentées que par un seul Stanhope affecté au premier piqueur :

STANHOPE

tandis que le Grand écuyer utilisait un Poney- chaise à un cheval ou l’unique Mail coach

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PONEY CHAISE

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MAIL COACH

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         Aucun vis-à-vis ne figurait dans l’inventaire. Pour les longs voyages, les bagages et le nécessaire pour le service de bouche étaient chargés sur des pourvoyeuses ou des fourgons.

         Toutes ces voitures étaient remisées au Louvre ainsi que les harnais et y demeureront jusqu’en 1880.

LE SERVICE DE LA POSTE

         Le service de la Poste avait à sa disposition :

         Cinq chars à bancs à 6 places et deux chars à bancs à 12 places, trois Coupés, deux Clarence, des omnibus, deux pourvoyeuses, six fourgons et six caravanes.

CHARS A BANCS

 

 

COUPE DE POSTE

Il pouvait aussi disposer des calèches et landaus de d’Aumont à huit ressorts.

LES ECURIES DU PRINCE IMPERIAL

On y trouvait :

 un grand landau de d’Aumont à 8 ressorts

Un landau à pincettes

 Un sociable à grand parasol

SOCIABLE A PARASOL

 Un grand landau de poste pour la chasse et les voyages.

 Une calèche légère

  Un coupé

         La défaite de Sedan, en aout 1870 signe la fin du second Empire ; l’Empereur est prisonnier des prussiens.

         L’Assemblée vote sa déchéance et le 31 Août proclame la IIIème République dont Thiers sera le président.

         L’Empereur déchu libéré émigre en Angleterre où il mourra en 1873.

ARMOIRIES SECOND EMPIRE

LA FIN DES ECURIES IMPERIALES

         En 1881, Gambetta étant Président du Conseil, crée pour son ami Antonin Proust, un Ministère des Beaux Arts qui sera installé au Louvre. Pour créer des bureaux il fut décidé de libérer les remises.

         L’Impératrice du alors reprendre les voitures et harnais lui appartenant et fit venir a Farnborough Hill (Hampshire), où elle est vit retirée, la berline de grand gala à sept glaces et un harnais à huit chevaux.

         Deux ventes publiques aux enchères d’un certain nombre de voitures furent faites (nous les relaterons ultérieurement) ; les voitures de grand gala restèrent à Trianon.

         L’âge d’or des grands attelages de luxe était révolu.

 

Henri Baup :  http://www.jbwhips.com/


 


  Commentaires
-merci .... par JeanClaudeGrognet (25/05/2009 10:58:19)
.... Henri pour cette belle contribution historique
-merci par Fauch (25/05/2009 23:00:24)
merci pour votre travail toujours passionnant et instructif.