Article proposé par Renata, paru le 08/02/2011 08:03:43 Rubrique : Culture générale, lu 6160 fois. 2 commentaires |
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Voyager en attelage n’était pas une sinécure…
Pour nous, atteler est source de plaisirs. Savourer une promenade à travers monts et forêts, s’exalter lors d’une compétition, aller à la rencontre d’autres passionnés, ne sont que moments de joies, malgré d’éventuels incidents. Atteler n’est en aucun cas une nécessité, oui, juste du plaisir !
Dans le temps jadis c’était une autre aventure… Les routes n’étaient ni carrossables (un comble !) ni sûres.
Depuis que des hommes ont attelé des chevaux, les chemins sont pleins d’histoires tragiques, petites ou grandes.
Ne suppose-t-on pas que Toutankhamon serait mort après un accident de char ?
Le bon roi Henri IV périt assassiné alors qu’il se déplaçait en voiture, pour aller visiter Sully, souffrant. A remarquer son équipage « à la d’Aumont », Henri IV en serait l’inventeur, lire dans :
http://www.jbwhips.com/NAISSANCE-DES-POSTILLONS.html
Bonaparte, premier Consul de France échappe de peu à « la machine infernale », en 1800.
L’attentat de la rue Saint Nicaise fera 22 morts et une centaine de blessés…
Le Président Sadi Carnot, est poignardé en 1894.
Les services de sécurité avaient des progrès à faire…
Pour le commun des mortels, le temps passé en voiture n’était pas toujours agréable, outre l’inconfort et la promiscuité, les incivilités existaient déjà.
Certains chevaux savaient aussi les pratiquer !
Les mots d’oiseau fusaient, les sorties en voiture étaient émaillées d’incidents divers et variés,
jusqu’à « l’incivilité » d’un cerf , venu chercher refuge auprès de dames fort peu accueillantes !
Il y avait aussi des circonstances dangereuses, quand les chevaux ne sont plus contrôlés…
A gauche, le député Georges LEYGUES arrête un cheval emporté
Et tout simplement les accidents de la route :
Des ex voto étaient offerts dans les chapelles pour remercier le ciel d’avoir épargné les survivants…
« Venant des salins vieux chargé d’algues marine allant à la Crau quand il fut rencontré par un cabriolet où il failli être broyé entre les deux roues le 4 août 1871 »
« Vachier Baptistin a été miraculeusement préservé de tout danger sous sa charrette par la Vierge du Beausset Vieux. Samedi 31 mai 1874 tombé sous sa charrette il a été relevé sans aucun mal par des soldats que les cris de son père qui conduisait la charrette avait attiré. Beausset le 22 avril 1875. fait par Mr Eusèbe Nicolas Sourd Muet''
Quand le mauvais temps s’en mêlait, les conditions de voyage empiraient :
Et puis les routes n’étaient jamais sûres :
Attaque d’un fourgon cellulaire «le terrible accident de Wambrechies » en 1876
Le plus dur était hélas pour les chevaux…
Paris, 1943.
Au point de « choisir le suicide » ?
Cheval épileptique se jetant dans la Seine au Pont-Royal, à Paris. Gravure de Meyer. Le Petit Journal mai 1898
Les chevaux ont payé un lourd tribut à l’ambition des hommes. Sans leur courage, leur force leur gentillesse et leur abnégation, nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd’hui…
Merci à tous ces chevaux qui dans leur paradis tant mérité doivent rêver, de temps en temps, à des équipages fantasques et insolites !
En cadeau, extraits d’un poème de Victor Hugo tiré de « Chansons des rues et des bois », en hommage et gratitude envers nos compagnons fabuleux :
Le Cheval
Je l’avais saisi par la bride,
Je tirais, les poings dans les nœuds,
Ayant dans les sourcils la ride
De cet effort vertigineux.
C’était le grand cheval de gloire.
Né de la mer comme Astarté,
A qui l’aurore donne à boire
Dans les urnes de la clarté.
L’alérion aux bonds sublimes,
Qui se cabre, immense, indompté,
Plein du hennissement des cimes,
Dans la bleue immortalité.
…Pensif, j’entraînais loin des crimes,
Des dieux, des rois, de la douleur,
Ce sombre cheval des abîmes
Vers le pré de l’idylle en fleur.
……………………………………………………
Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l’atagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d’ouragan.
Il voulait retourner au gouffre :
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l’âme du monde en ses yeux.
…………………………………………………….
Moi sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l’antre frais.
Je lui montrais le champ, l’ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.
- Que fais-tu là ? me dit Virgile.
Et je répondis, tout couvert
De l’écume du monstre agile :
- Maître, je mets Pégase au vert.