Article proposé par Arba, paru le 20/06/2011 08:06:10 Rubrique : Culture générale, lu 4948 fois. Pas de commentaires |
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« Le 20 février 1907, les femmes s'étaient vu accorder le droit d'exercer la profession de cocher. Les journaux se disputèrent l'honneur de trouver le mot nouveau dont elles pouvaient être baptisées.Les lecteurs proposèrent : « Femmes cochers, cochères : cochettes, cocheresses, cocherelles, conductrices automédonnes, voiturières, fiacrettes, sapinettes... »Plusieurs académiciens, consultés optèrent pour « cochère », la première femme-cocher, Mme Dufaut, ayant déclaré : « Tous mes clients m'appellent cochère. »
Les femmes cochers
En novembre 1906, 3 femmes commencèrent un apprentissage d'un mois pour passer l'examen de la Préfecture de police qui leur permettrait de devenir cochère, métier exclusivement masculin auparavant. Elles suivirent le même cursus que leurs homologues masculins. Au final, elles durent montrer leurs capacités et leurs connaissances en matière de médecine équine, d'entretien du cheval, des tous nouveaux taximètres, de code de la route, et la géographie de Paris et sa banlieue.
Les femmes cocher à Paris. - Mme Dufaut sur les Boulevards; plus de badauds que de clients. Source
La perspective de voir des femmes cochères fit sensation, et les journaux suivirent leurs progrès. En février 1907 les deux premières diplômées, Mme Charnier et Mme Clémentine Dufaut (ci-dessus) firent leurs débuts dans le monde des chauffeurs.
Nous avons de la chance d'avoir de nombreux témoignages graphiques car ce phénomène a coïncidé avec une diffusion accrue des cartes postales entre 1900 et 1918. On estime que plus de 200 cartes postales représentant les femmes cochers ont été publiées.
Mme Charnier au Départ. 1907. Source
La publicité générée par les premières femmes fit en sorte que d'autres femmes se présentèrent à l'examen, et on comptait près de 40 cochères à Paris à l'été 1907, et 20 autres étaient sélectionnées pour l'apprentissage. Néanmoins, les femmes se détournèrent rapidement de la profession, et à la fin de 1908, on ne comptait plus que 20 cochères et 2 apprenties.
Mme Lutgen, ex-comtesse du Pin de la Guérinière. Source
L'une de ces femmes, Mme Lutgen (une aristocrate), quitta la profession sous la pression de sa famille. Une autre aristocrate abandonna la carrière quand elle reçut un héritage conséquent. La plupart d'entre elles furent découragées par les accidents, les disputes avec la police ou les clients, ou tout simplement l'hostilité des cochers.
Mme Dollet. Source
Mme Decourcelle, la première possédant ses deux diplômes de cochère et de chauffeuse. Source.