Article proposé par Heliosness, paru le 29/08/2016 07:58:37 Rubrique : Culture générale, lu 3393 fois. 4 commentaires |
|
Le trésor de la reine Amélia
Avant de pénétrer dans le fameux Museu dos Coches de Lisbonne, je ne m’étais jamais préoccupée de différencier un carrosse d’une berline d’apparat. La raison en est, je suppose, mon manque de familiarité avec ces moyens de transport dont l’usage est tombé en désuétude, le faste ostentatoire ne faisant plus recette dans nos démocraties républicaines.
Aussi, dois-je avouer que mon sens de l’observation, habituellement si aiguisé, a bien été forcé de reconnaître son aveuglement quand les explications lui ont, pour ainsi dire, ouvert les yeux. Accordez-moi, je vous prie, de mettre cette cécité passagère au compte de l’éclat éblouissant de tant de splendeurs !
Je vous invite à jouer le jeu avec moi. Comparons deux voitures d’apparat du début du XVIIIè siècle : le carrosse des Infantes, les filles du roi José I (photo 1) et une Berline de la Maison du Roi (photo 2) :
1.
2.
Faites-moi plaisir ! Dites-moi qu’il n’y a pas grand chose qui saute aux yeux ! Les caisses sont tout aussi raffinées, ont des dimensions comparables, les roues se ressemblent… Ah ! Tiens, oui ! La Berline a un marche pied ! (photo 3)
3.
Passons un peu de temps sur ce marche pied, voulez-vous… Il est drôlement grossier en comparaison de l’ensemble, n’êtes-vous pas de mon avis ?… Attardons-nous sur ses attaches, sommes toutes, assez vulgaires, le contraste est criant, n’est-il pas ?
Eureka ! Le marche pied est fixé sur un brancard ! Nous touchons au but : la berline a deux brancards qui relient les essieux avant et arrière, un de chaque côté de la caisse, que n’y avais-je prêté attention ! Tandis que lesdits essieux du carrosse ne sont reliés que par une seule poutre !
La différence réside donc dans un aspect technique, le système de suspension. En effet, la caisse du carrosse est suspendue par de larges bandes de cuir, deux à l’avant et deux à l’arrière, ressorts qui ressemblent à des sangles à boucle souvent recouvertes de plaques en bronze doré alors que la caisse de la berline repose directement sur de longues bandes de cuir qui font toute la longueur de la voiture. Cette innovation assure un meilleur confort aux passagers. Des sangles verticales disposées à l’avant et à l’arrière, qui viennent s’enrouler autour des brancards, permettent de stabiliser la caisse.
Un peu d’histoire : Les carrosses ont été inventés en Hongrie, dans la ville de Kocs, à laquelle ils doivent leur nom « coches » en portugais. Les carrosses étaient conduits soit par un cocher (en français, c’est le nom du meneur appelé « coche » ou « cocher » qui dérive de Kocs) lorsqu’ils étaient pourvus d’un siège à cet effet à l’avant, soit par des postillons montés sur les chevaux attelés, la plupart du temps un sur un cheval de timon et un second sur un cheval de volée.
Les berlines sont ainsi nommées car elles sont apparues à Berlin dans la deuxième moitié du XVIIè siècle. Elles ont connu un bel essor par la suite.
Photo 4. Détail de l’arrière de la Berline
On remarque bien, sur la photo n°4, la roue crantée, mécanisme enrouleur d’un cric qui servait à régler la tension des courroies de suspension, dont la crémaillère de frein est installée sur le train arrière.
5. Détail de l’arrière du carrosse
6. Pour le plaisir, l’arrière du carrosse
Rien à faire, ma préférence va résolument aux carrosses ! Et vous ?
Avez-vous remarqué, sur la photo 6, la chaine qui se balade sous la caisse ? A quoi pouvait-elle bien servir ? Je n’en ai rigoureusement aucune idée… si un expert avait la gentillesse d’éclairer ma lanterne…
Point de leçon sans exercice d’application ! Voyons si vous avez bien tout compris. Où sont les Berlines ?
7. 8.
9. 10.
11. 12.
13. 14.
15. 16.
17. 18.
… à suivre …
Réponses : Berlines photos 7, 10, 11, 13, 14, 16 et 18 ; carrosses photos 8, 9, 12, 15 et 17.