Article proposé par Heliosness, paru le 24/11/2016 08:11:35 Rubrique : Informations générales, lu 1097 fois. 5 commentaires |
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Les compétitions du circuit de la Coupe du Monde d’attelage à 4 en salle sont de véritables « show » conçus pour galvaniser les spectateurs par des démonstrations de vitesse et de précision dans la vitesse. Alors justement, j’ai bien envie de me pencher sur cet aspect tout au long de la saison 2016-2017. Vous me suivez ?
Le galop habituel d’un cheval oscille entre 21 et 30 Km/h (de 350 à 500 mètres par minute). Sur les hippodromes, il n’est pas rare que les chevaux soient poussés à 60 Km/h (1000 m/minute). Le Guiness des records a recensé, en 2008, une vitesse extrême chez un cheval nommé « Winning blue » qui a réalisé un galop à 70,76 kms à l’heure, ou, si c’est plus clair pour vous, qui a parcouru 1179 mètres en une minute ! Qu’en est-il des courses d’attelages à quatre du circuit de la World Cup™ ?
A force de me repasser les vidéos des courses de Stuttgart, j’ai eu l’impression que les meneurs allaient réellement beaucoup plus vite que la vitesse accordée sur le papier, à savoir 13,8 km/h. Qu’il était même fort probable que, dans cet exercice, les attelages effectuassent des pointes, sur des lignes droites, à plus de 30 Km/heure. Lors de mes recherches, je tombais sur des vitesses aberrantes, nettement supérieures, parce que je prenais des repères trop larges. Aussi, ai-je appelé mon entraîneur, Stéphane Meyson, pour avoir son sentiment. Ses remarques étaient fort judicieuses et venaient m’apporter des explications qui me permirent d’ajuster mes calculs.
Cependant, pour mener un raisonnement proprement mathématique qui pût s’avérer intéressant, il me fallait davantage de précisions. Mon réflexe, quand je ne sais pas où chercher, consiste à téléphoner à Jacques Tamalet, qui est bien placé puisqu’il a été Chef de piste sur ce circuit de la World Cup™, notamment à Bordeaux. Jacques n’a pas vu l’étape de Stuttgart, mais des pointes à 30km/h lui paraissaient plausibles. En effet, si à 13,8 km/h il fallait environ 183 secondes pour effectuer une course de 700 mètres, alors les vitesses que je trouve sont cette fois-ci vraisemblables.
Pour avoir une exactitude absolue, il faudrait disposer du nombre précis de mètres parcourus par chaque attelage pour chaque course. Pour ce coup d’essai, vous m’accorderez bien que la réflexion est assez séduisante pour tolérer un peu d’imprécision. En réfléchissant, échangeant, comparant, nous sommes tombés d’accord, avec Jacques Tamalet, sur une distance, à la louche, de 240 mètres parcourus à l’intérieur des obstacles et de 460 mètres pour le reste du parcours qui fait approximativement 700 mètres. Voici ce que je trouve sur le second tour de Boyd Exell lors de la compétition de samedi 18 novembre en chronométrant le temps mis dans les obstacles sur film amateur.
Boyd Exell Compétition 1 Tour 2 |
Dans les 2 obstacles |
Sur le reste du parcours |
Distance estimée en mètres parcourus |
240 |
460 |
Temps chronométré sur les obstacles sur visionnage |
44,86 |
51,45 |
Vitesse moyenne en Km/h |
19,26 |
32,19 |
Dans les obstacles, la vitesse serait en moyenne de 19 km/h et sur le reste du parcours de 32 km/h, avec sans doute une pointe un peu plus rapide sur la dernière ligne droite. On aurait donc approximativement 47% du temps chronométré dans les obstacles et 53% du temps sur le reste du parcours.
Commençons par examiner, sur des graphiques, les vitesses moyennes puis, dans un second temps, je tenterai un peu plus d’extrapolations.
Graphiques 1et 2 :
Estimation de la vitesse moyenne en kilomètres/heure aux deux tours des 6 meneurs engagés dans la première étape de la World Cup™ Driving le samedi 18 novembre et différence de vitesse entre les deux courses. Je me fonde sur les chronos enregistrés sur le site de la FEI, bien évidemment avant adjonction des pénalités.
Le plus rapide toutes courses confondues a été Boyd Exell, au second tour, avec une vitesse moyenne estimée à 26,54 km/h (chrono 96,31 secondes). C’est Théo Timmerman qui a eu la plus grande différence de vitesse entre le 1er et le 2d tour avec une accélération égale à +5,45 Km/h.
Lorsque je calcule la moyenne des chronos et les écarts types pour chacune de ces courses, cela me permet de déterminer l’intervalle à l’intérieur duquel la performance est dans la moyenne de l’ensemble des performers de ladite course et laquelle est « hors norme » pour ainsi dire. Il apparaît que le seul qui soit plus rapide que la moyenne est Boyd Exell, à +1 écart type, tandis que Georg von Stein est à l’opposé à -1 écart type de la moyenne pour la première course. Stein et Duen sont tous les deux à -1 écart type pour la seconde course.
1er tour |
2ème tour |
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TEMPS MOYENS |
130,46 |
106,67 |
Ecarts type |
11,53 |
8,81 |
Borne inférieure de l’intervalle moyen |
118,93 |
97,87 |
Borne supérieure de l’intervalle moyen |
141,99 |
115,48 |
Graphiques 3 et 4 :
Chardon est le plus rapide le dimanche bien qu’il n’ait pas atteint la vitesse de Boyd Exell la veille. Il est dans la norme pour les deux courses tandis que Boyd Exell est à +1 écart type dans la première course. Von Stein est encore à -1 écart type pour la seconde course uniquement et Rainer Duen à -1 écart type pour le premier tour. La progression d’Isjbrand Chardon entre les deux tours est la plus forte à +5,27 Km/h le dimanche. Il est le 4ème en vitesse au 1er tour et le 1er en vitesse au second tour.
1er tour |
2ème tour |
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TEMPS MOYENS |
125,17 |
103,16 |
ECARTS TYPE |
8,2 |
6,6 |
Borne inférieure de l’intervalle moyen |
116,97 |
96,56 |
Borne supérieure de l’intervalle moyen |
133,37 |
109,75 |
Graphiques 5 et 6 :
Sur le cinquième graphique, il apparaît clairement que les deux 1ers tours sont quasiment identiques pour quatre des six meneurs mais très différents pour von Stein et Timmerman qui sont nettement meilleurs le deuxième jour. La manière dont le premier tour du samedi se décroche de la courbe pour von Stein laisse à penser qu’il a commis une erreur qui l’a beaucoup ralenti et lui a coûté cher. Le premier jour, les courbes 1 et 2 sont superposables dans leur allure mais avec une vitesse plus rapide pour tous les meneurs au second tour. Le fait qu’elles soient superposables met en évidence un écart stable entre les différents meneurs qui peuvent être associés par groupes de deux : en tête Exell et Chardon puis Timmerman et Voutaz et enfin Duen et von Stein.
Ce qu’il est intéressant de remarquer sur les courbes 2 et 4, c’est-à-dire les deux deuxièmes tours, c’est l’anomalie suivante : alors que Chardon et von Stein améliorent tous deux leurs vitesses entre le jour 1 et le jour 2 pour chacun de ces deuxièmes tours, Boyd Exell perd 5 secondes le jour de la finale, ce qui lui coûte la première place. C’est dû à une erreur qu’il a commise dans un obstacle. Sans erreur, aucune raison de faire bouger les courbes. Mais c’est cela le sport : être à la merci d’une erreur humaine !
Graphiques 7 et 8 pour extrapoler :
A présent, en prenant le pourcentage de temps mis par Boyd Exell respectivement dans les obstacles (47%) et sur la maniabilité (53%) et en appliquant arbitrairement le même à tous, regardons les vitesses respectives en kilomètres par heure pour se faire une petite idée.
Dans les obstacles, les meneurs enverraient leurs chevaux à des allures qui iraient, en arrondissant, entre 13 et 20 km/h et sur le reste du parcours entre 21 et 32 km/h.
Petite analyse à prendre avec beaucoup de précaution compte tenu des nombreux facteurs estimés mais qui nous donne une idée un petit peu plus précise que l’œil tout de même.
Si un lecteur dispose de données plus précises, je prends !
A suivre…
©Heliosness