Article proposé par Heliosness, paru le 11/12/2016 09:11:02
Rubrique : Reportages, lu 797 fois. Pas de commentaires
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CAIW GENEVE le warm up sous la loupe


 

World cup™Driving, Genève. Pas la plus belle étape mais instructive.

Le point sur le Prix de la Brasserie Egger, qui compte pour la première compétition de la quatrième étape de la Coupe du monde d’attelage à 4 en salle, à savoir celle de Genève, qui s’est tenue le samedi 10 décembre 2016 à 11 heures.

Plan plus lisible que celui de vendredi ! En bleu le tracé du parcours de Boyd Exell, en jaune les différences du parcours de Jozsef Dobrovitz et en bordeaux les différences de Jérôme Voutaz. Les marques rouges sont les gros coups de frein quand ça va trop vite, trop loin. Les parcours m’ont paru fort semblables. Dans l’obstacle 3, porte 12 en bas à droite, les meneurs reprenaient de la vitesse dès la porte 12D franchie ce qui justifie l’épaisseur du trait (large vite et maigre = moins vite)

Le parcours comporte 15 portes, un pont traversé dans les deux sens, une fois par la porte 4 et une autre fois par la porte 10, un gué traversé par la porte 8 et 3 obstacles aux portes 3 (A,B,C,D,E), 7 (A,B,C,D) et 12 (A,B,C,D).

 

***

J’ai découpé la course en segments qui permettent d’avoir une meilleure analyse des temps et qualités de chacun pour cet indoor. Vous trouverez plus bas, pour ne pas vous décourager tout de suite, le tableau complet auquel je vous suggère de vous référer au fur et à mesure des explications et tentatives de compréhension. J’y ai fait figurer, en surbrillance jaune, les meilleurs temps et à l’encre rouge les deux incidents de parcours.

Le premier partant était le Suisse Werner Ulrich qui concourait avec une Wild Card. Tout du long, il a rencontré des difficultés avec ses chevaux de volée, en particulier la volée gauche. Il s’est retrouvé très excentré dans l’obstacle 2 (porte 7) qu’il a réalisé avec 8,7 secondes de plus que le plus rapide dans cet obstacle qui est Jozsef Dobrovitz. Dans les deux autres obstacles il est à 7 secondes du meilleur ce qui est énorme, à peu près un tiers de temps en plus. Ces difficultés l’ont amené à faire une course peu harmonieuse mais malgré tout bien pensée. Il finit 5ème en 175,44 secondes dont 5 secondes pour une balle tombée, qui est peu compte tenu du peu d’obéissance qu’il a obtenu de son cheval de volée. Il partira en seconde position lors de la finale de dimanche, juste derrière Benjamin Aillaud qui, lui, aussi bénéficie d’une invitation.

Le Français, qui sort ses Lusitaniens en indoor pour la première fois de leur jeune carrière, a manqué de chance au premier passage du pont, à la porte 4. En effet, ses chevaux de volée ont refusé tout d’abord de s’y engager lui coûtant 13,6 secondes de retard sur le meilleur. Le team avait réalisé un premier obstacle un peu imprécis, dépassant légèrement par deux fois les portes, ce qui obligea Benjamin à des ruptures de rythme, d’allures qui lui ont coûté cher. C’est lui qui met le plus de temps dans l’obstacle 1 à 7,6 secondes du meilleur, Boyd Exell. Benjamin se reprend après la porte 6 faisant une meilleure course. Au second passage du pont il est à 0,2 seconde de Boyd Exell, à 0,7 seconde du meilleur de ce segment qui est Jozsef Dobrovitz. Ses chevaux sont beaux, bien ensemble à l’évidence, souples. Je lui souhaite une bien meilleure performance demain.

 

 


Jérôme Voutaz s’avance en troisième position, provoquant l’enthousiasme des Helvètes. Comme je les comprends ! J’ai toujours trouvé de grandes qualités à ce meneur. Sa reprise de dressage à Breda avait été l’une des plus belles et j’avais été fort peinée que les juges ne fussent pas du même avis que moi. Des Franches-montagnes, quatre belles juments aux ordres, aussi élégantes que possible, mais les juges, parfois, ont le préjugé dur… Bref, il ne m’a jamais déçue ce gentil meneur, aujourd’hui moins encore qu’auparavant. Il fait plaisir, Jérôme, il va vite, très vite, c’est fluide, c’est mené, c’est conduit, ça passe partout. C’est de l’art, c’est beau. Il lance ses juments plus vite que Boyd Exell, il reste en tête jusqu’au sortir du premier obstacle, est à égalité de temps avec le champion du monde jusqu’après le premier passage du pont. C’est lui qui fait le meilleur temps après le maître incontesté, à 4,59 secondes seulement de Boyd Exell mais il fait tomber une balle à la porte 9 qui lui coûtera la seconde place. Dommage. Il l’a bien menée de bout en bout sa course. Espérons pour lui une aussi belle performance dimanche, voire meilleure. Mais Jozsef Dobrovitz est un redoutable concurrent qui a conservé les deux chevaux introduits dans son Team à Budapest, alors…

Georg von Stein est le quatrième à passer. Son attelage de chevaux allemands est très beau. Il y a du Hanovre, du Oldenburg, élégants mais sont-ils suffisamment sportifs ? Il fait le quatrième temps mais comme il fait tomber une balle, il finira cinquième. C’est lui qui entre sur le parcours à la plus vive allure, c’est très bien fait…eh oui, ils sont sportifs les lascars ! Georg reste le plus rapide sur le premier passage du pont ; mais justement, trop rapide, il perd le strict contrôle de la direction, il sort trop loin avant de prendre son virage, il met du temps à rectifier sa trajectoire, même s’il le fait vite et bien, c’est trop de temps et toute cette distance d’environ 25 mètres sera perturbée par cet élan finissant par une balle au sol puisqu’il touche le cône de gauche de la porte 5 qui marque l’entrée dans le gué. Belle course malgré tout.

Boyd Exell, tout juste primé par L’année hippique, fait un parcours exemplaire, précis, rapide, vif. Le tracé est le même pour tous donc la différence se fait sans doute sur la perfection des gestes des mains et le professionnalisme des chevaux. Je remarque qu’il a un nouveau cheval par rapport à Stockholm et Stuttgart, un KWPN gris né en 2002, qui répond au nom de Vadirmo, qu’il a placé en position de timonier gauche, à côté de Demi. (Nous aurons peut-être des réponses concernant les changements de chevaux avec Cindy.) L’ensemble se déplace avec toujours autant de perfection, de facilité, d’aisance. Rien à dire, si ce n’est deux gros coups de frein au sortir de l’obstacle 1 (porte 3), l’équipage s’étant visiblement préparé pour décoller. Rien de méchant, Exell ramène tout le monde sur Terre en deux boucles de guides. Je suis toujours une inconditionnelle de cet artiste qui semble avoir démarré un peu comme un moteur diesel, moins vite que trois autres concurrents mais progressivement il gagne des dixièmes de secondes qui grossissent ; on a l’impression que, plus ça dure, plus il creuse l’écart.

Le sixième de cette série de sept est le fils Dobrovitz qui est identique à lui-même. Toutes ses compétitions se ressemblent. Bien qu’il ait retrouvé Cselentano, sa volée droite je pense, il n’est pas tellement plus calme. Il fait le cinquième temps du jour, mais comme il est plus précis que Stein, il lui passe devant en ne faisant tomber aucune balle. Si les listes sont justes, il aurait hérité, pour cette compétition, d’Ikar, un cheval qui était utilisé par son père à Stockholm.

Jozsef Dobrovitz senior clôture la journée par une très belle course qui lui vaut la seconde place. Il a bien fait de garder la jument de 7 ans Kiskevnet et Pottom, testés à Budapest. Son attelage est performant. Il est le meilleur dans le deuxième obstacle, et au deuxième passage du pont. Il peut être vraiment très rapide. C’est plaisant quand il ne crie pas trop mais ils sont très expressifs ces Hongrois visiblement. Dobrovitz a été très précis. Je pense que cet attelage en a encore sous le pied et qu’il va nous impressionner par sa vitesse à l’avenir. Peut-être ce dimanche, qui sait ?

Concernant les vitesses et leur répartition selon qu’il s’agisse de passer des portes ou des obstacles, je me suis à nouveau livrée à mon petit exercice de mathématiques favori. Pour celles et ceux qui restent traumatisés par l’école, vous avez le droit de décrocher. Je vais faire court et simple. D’après mes calculs, les meneurs passent entre 44 et 46 pourcent du temps total dans les obstacles qui font une longueur d’environ 25% de la totalité du parcours et donc entre 54 et 56 pourcent du temps total sur le reste de la maniabilité combinée, pont et gué compris, ce qui correspond à environ 75% de la distance totale parcourue. Bien évidemment, cela ne fonctionnement plus en cas d’incident.

Pour les trois plus rapides de la journée, Exell, Voutaz et Dobrovitz, on peut estimer une vitesse entre 5,83 et 9,34 km/h dans les obstacles avec une vitesse moyenne de 7 km/h et autour de 17 km/h en dehors de ceux-ci, respectivement 17.63, 16.72 et 16.40.

 

Ci-dessous des petits graphiques, pour la couleur… essentiellement !

 

1      Boyd Exell                136.10
2      József Dobrovitz        142.33
3      Jérôme Voutaz                    145.69 (1 balle)
4      József Jr. Dobrovitz    146.76
5      Georg von Stein         148.44 (1 balle)
6      Werner Ulrich            175.44 (1 balle)
7      Benjamin Aillaud        181.43 (2 balles)

Ils partiront pour la finale dans l’ordre inverse.

Bon spectacle aux uns et bonne compétition aux autres !

A suivre…

©Heliosness


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