Article proposé par Heliosness, paru le 05/02/2017 08:12:15
Rubrique : Reportages, lu 1654 fois. 5 commentaires
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CAIW BORDEAUX: la 1 ere manche des louanges et de la honte


 

Bordeaux, sacres et déceptions.

Le sacre tout d’abord tant il a été éblouissant.

Edouard Simonet a mené de main de maître, brillamment, avec netteté et évidence. Quand je vous disais à Budapest que ce jeune homme est bourré de talents ! Il mène comme Boyd Exell.

Les chevaux eux-mêmes ont pris les attitudes de ceux de son entraîneur. Il a bien fait d’échanger le cheval au nom imprononçable par ce mystérieux Maximus : un nom prédestinant aux exploits, qui sait ?

Jacques Tamalet partage mon point de vue. Edouard a tout d’un immense meneur. Il a, en outre, me dit Jacques, le sang-froid, la modération, le contrôle de ses émotions, la tempérance, la justesse, la lucidité. Bref, que des qualités. Nous en avons discuté, il nous a fait vraiment plaisir parce qu’il est beau à regarder mener, le team est superbe, c’est coulant, c’est franc, sans bavure, sans hésitation, impeccable.

« Je veux qu’il gagne demain » ai-je dit à l’ex-sélectionneur de l’équipe de France.

«  Bien sûr qu’il va gagner ! » m’a-t-il répondu aussitôt.

Nous sommes deux rêveurs…

Il faut 10 points à Edouard Simonet pour être qualifié. Ce n’est pas gagné car, à la porte 11, Boyd Exell lui avait déjà mis 9 secondes dans la vue et Koos De Ronde, qui l’a déjà battu à Budapest, avait 6 secondes d’avance sur lui au finish mais, étant donné qu’il a fait tomber une balle, l’écart n’est plus que d’un peu moins d’une seconde.

Croisons les doigts pour lui. Une troisième place ne suffira pas. A moins que Boyd Exell, l’Empereur de l’attelage à 4 ne rencontre une difficulté majeure. « Il faudra bien, un jour, que l’élève dépasse le maître, me dit Jacques. Je vous le dis, ce petit est le futur grand champion. » Je l’ai déjà dit aussi.

 Il serait très étonnant, je ne le lui souhaite pas, que Boyd Exell rencontrât un obstacle sur sa route demain car il a été absolument parfait. Je le trouve marqué par la fatigue à laquelle il ne doit pas accepter de céder. Ce que fait ce meneur est époustouflant. On regarde et on se tait, un sourire ravi aux lèvres en se demandant comment il est possible de mener aussi bien. Personnellement, j’en redemande.

Koos De Ronde a contredit mes analyses. Il est second avec une faute. Il est allé vite, oui. Bien que je sois convaincue qu’aucun d’eux n’a chanté à pleine voix ce soir. Ils devraient tous aller beaucoup plus vite demain. La précision sera le juge de paix. Ses chevaux étaient beaux à voir également. Néanmoins, ils sont moins ensemble que ceux de Boyd ou d’Edouard. Il y a moins de rigueur chez Koos De Ronde que chez les deux autres.

Le dernier à mériter de figurer dans cette catégorie du sacre est le français Benjamin Aillaud. Il est cinquième, certes, mais ses Seigneurs, les Lusitaniens, sont élégants, fins, sans oublier d’être puissants, rapides et intelligents. 

Bien qu’il conserve une difficulté avec sa volée droite, Donald, qui éprouve encore des appréhensions, a fait un joli saut de mouton à la première porte, s’effraie dans les obstacles, il a fait une jolie course. Nettement meilleure qu’à Genève. Son jeune cheval a franchi le pont sans hésitation cette fois-ci.

Ses chevaux vont vite. Ils peinent encore un peu dans les obstacles, sont hésitants dans les portes, ce n’est pas fluide à ces endroits d’autant que Benjamin a choisi les options les plus courtes mais les plus tortueuses, qui imposent de brasser beaucoup les chevaux.(voir le plan en fin d’article)

L’évolution est encourageante. Espérons pour lui que les chevaux seront encore plus performants dimanche.

Côté déceptions, les autres évidemment.

Sébastien Mourier a constitué un beau team, les chevaux semblent former un ensemble homogène au début. Ce sont des chevaux de selle, forts, élégants, puissants. Ils démarrent vite et bien mais dès la première courbe, Sébastien semble avoir une gêne. Il met une balle à la porte 2. Cette porte est difficile mais Jacques Tamalet m’explique que c’est le signe que la reconnaissance n’a pas été faite suffisamment convenablement. Sur le plan déjà, il était évident que les meneurs y feraient des fautes. Espérons que dimanche, ils seront plus méticuleux.

Sébastien va enchaîner les fautes. Jacques, qui est juge de terrain pense qu’il a eu des difficultés avec sa volée droite, qu’il avait trop les mains sur les timoniers, que les volées tiraient le timon faisant coucher les timoniers. Il pense que, peut-être, il aurait fallu avoir les guides plus flottants sur les timoniers et bien tenir les volées pour qu’ils soient en retrait. Au total, le volée droite a fait un écart, poussant le volée gauche dans un obstacle ; l’un des deux a paru paniquer, le volée droite a tourné très serré renversant un deuxième obstacle.

 Les juges ont un peu tardé à sonner pensant que Mourier passerait tout de même le premier mais non, au second, ils ont fait retentir la cloche alors qu’il en était à 105 secondes. Après reconstruction, il a repris comme il se doit à la porte A de l’obstacle 2 puis a terminé avec 40 points de pénalités. La septième place est souvent réservée à ceux qui ont des pépins.

 

L’Allemand Georg von Stein a également été décevant. Il n’est pas allé aussi vite que ses chevaux le permettent et a fait 4 fautes. Sa prestation n’était pas très belle ce soir. C’était un simple tour de chauffe sans conséquence pour la qualification aussi doit-il résoudre les causes de cet échec d’ici 16h45 s’il veut gagner suffisamment de points.

Enfin, le vainqueur de la saison passée a manqué son rendez-vous de samedi. Ce ne sont pas les chevaux qui sont en cause. Loin s’en faut puisque la célérité est là à 47 centièmes de Boyd Exell seulement, sa précision dans la conduite est fautive : il fait tomber 2 balles, ce qui lui coûte 10 secondes de pénalités.

Ce n’est pas grave puisqu’il partira à un rang correct pour la dernière compétition de cette saison de qualifications et qu’il est d’ores et déjà qualifié. Alors quelle nécessité avait-il de s’en prendre à son cheval ? Il serait temps que les chevaux soient défendus et respectés. Sans eux, que seraient les meneurs ? J’espère que, s’il recommence, les juges le disqualifieront puisqu’ils en ont le pouvoir selon la FEI Driving Rules article 933 alinéas 1 et 4.

Article 933 alinéa 1 qui donne la définition suivante de l’abus du cheval : « – Definition Abuse of Horse means an action or omission that causes or is likely to cause pain or unnecessary discomfort to a Horse including, but not limited to:

a) Pressing of exhausted Horses

b) Excessive use of a whip

c) An unacceptably severe, badly fitting, broken or damaged bit

d) Badly fitting harness which might cause distress to the Horse

e) Damage to a Carriage which might cause injury to the Horse »

Les meneurs doivent avoir bien présent à l’esprit cette évidence qu’ils sont les seuls responsables de leurs échecs. Les chevaux font ce que les meneurs leur commandent de faire avec leurs mains et leur voix. Tant que ce sont les chevaux qui mènent leurs meneurs, ces derniers ne se présentent pas à des concours.

L’alinéa 4. prévoit que l’une ou plusieurs des mesures suivantes soient appliquées dans ce cas. « Penalty

Acts deemed as Abuse of Horse will result in the imposition by the Ground Jury of any or a combination of the following penalties:

a) Yellow Warning card

b) Fine

c) Elimination

d) Disqualification from the Event »

Disqualifier ce meneur de l’étape de Bordeaux ne remettrait pas en cause sa participation à la Finale de Göteborg, ne lui permettrait sans doute pas de prendre conscience qu’il doit modifier son comportement agressif, mais aurait le mérite de servir d’exemple aux autres organisateurs d’événements sportifs, d’ouvrir la voie à la véritable bientraitance des chevaux, l’application du Règlement, bon sang ! doit bien servir à quelque chose, et de dissuader les plus jeunes d’imiter cet anti-héros.

 

 

 

Certes, me direz-vous mais voyez comme ils ont du mérite de s’échauffer et de patienter sur une petite piste au milieu d’un salon, puis de passer dans une allée bordée d’une foule bruyante et désordonnée avant de pénétrer dans l’arène de compétition.

Rien ne justifie qu’un humain passe ses nerfs sur un animal. Sans Règlements, Chartes et Ethique, le sport de Haut Niveau n’existe pas. Tout cela n’est pas de mon ressort. Je ne peux que dénoncer.

Je vous laisse découvrir, en tracés, quelques parcours spécifiques et, en tableau, les résultats chiffrés.

Le parcours était très intéressant. A l’instar de Jacques Tamalet, ce sont mes préférés, ces parcours qui alternent des phases de vitesse intense et de maîtrise technique élevée. Je vous renvoie à la page actu d’hier pour la description détaillée.

Les résultats en détails

N’oublions pas qu’il ne s’agissait que de la première compétition qui ne compte pas pour la course aux points de qualification.

Rien n’est joué. Tout est remis en cause au départ de la première course de la dernière compétition de la saison. Simonet doit aller chercher ses 10 points mais il en a 3 plus rapides devant lui.

Boyd devrait logiquement récupérer son titre de champion de Bordeaux. Il a dominé largement la World Cup™ 2016-2017.

J’espère un beau tour pour Mourier dimanche après-midi, qu’il ne reste pas sur une amertume. Quant à Benjamin Aillaud, il peut encore nous surprendre.

Aucun pronostic…

©Heliosness


  Commentaires
-Qui? par (05/02/2017 10:43:11)
Je ne comprends pas qui s'en est pris à son cheval? De quelle manière? A quel moment?
-pas clair ? par Heliosness (05/02/2017 11:34:16)
Isjbrand Chardon. Dans les paddocks. Au sortir de la compétition 1. Parce qu'il n'avait pas gagné. C'est un fait que je ne commenterai pas davantage. Cet acte a été rappelé à l'ordre par un Juge, comme il se doit. Les Juges peuvent sanctionner plus sévèrement.
-stop par Seb42 (05/02/2017 13:24:53)
Il y a d'autres meneurs à qui on porte des louanges et qui ont aussi ont des comportements dur avec leur chevaux et que personne ne signale. Autre chose, au fil des différents articles faisant référence au règlement de la coupe du monde indoor, je pense qu'il serait plus sage de se limiter à commenter les exploits sportifs.
-Pas d'accord par JeanClaudeGrognet (05/02/2017 13:39:04)
C'est un point de vue. Spécifier le règlement que peu de gens connaissent c'est utile. On s'aperçoit que sur cette Coupe du Monde, le règlement est élastique.
Ce que vous demandez c'est un site de Communication où tout le monde est beau et on met ce qui moche sous le tapis ?
On veut jouer sur a.o dans les cours de la Communication ET de l'Information et de l'investigation (sans prétention).
Merci de votre point de vue
-Exigence par Heliosness (05/02/2017 14:01:11)
Bonjour Seb42.
Pas de jeu sans règles du jeu. Le Règlement est l'ossature sans laquelle aucun développement n'est possible. Mon parti est de le mentionner chaque fois qu'il est nécessaire. C'est ici le cas.
Je mentionne des faits dont j'ai connaissance et que j'ai vérifiés.