Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 17/07/2024 21:31:40 Rubrique : Les références > Dressage : technique, lu 1987 fois. 5 commentaires |
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"L'Equitation allemande", le "Dressage allemand", la "Méthode allemande", on en parle souvent, mais l'on a des difficultés à mieux en dire, à exprimer son contenu, ses principes.
Alors c'est quoi cette méthode? Je vais en surprendre plus d'un, en rappelant qu'un illustre Ecuyer français, ayant eu position au Cadre Noir et à la FEI en tant que juge de Dressage, le Général Decarpentry a fait l'éloge des principes allemands de Dressage énoncés par un cavalier nommé Gustav Steinbrecht. La résultante de la méthode de G.Steinbrecht, est celle du dressage moderne des chevaux montés et attelés. Un constat nous rassemble, que ce soit en Equitation montée ou en Equitation attelée, les cavaliers ou meneurs d'outre Rhin , de Belgique ou de Hollande, qui s'en inspirent, ainsi que quelques noms de chez nous, y trouvent également le chemin de la réussite. Les chevaux dressés selon G. Steinbrecht répondent aux demandes des protocoles de dressage de la FEI.
Gustav Steinbrecht est considéré comme le fondateur de l'Ecole allemande.
Gustave Steinbrecht est né en 1808. Il fait des études de médecine vétérinaire avant de devenir un cavalier exceptionnel. Il rédige jour après jour pendant les 25 dernières années de sa vie, des notes qui ont fait les bases de ses ouvrages et plus particulièrement du Gymnase du cheval, aidé en cela par son élève Plinzer.
La 4 ème édition de Das Gymnasium des Pferdes, a été traduite par le Colonel Edouard Dupont à la demande de l'illustre écuyer français le Général Decarpentry. Ce dernier a fait preuve pour l'occasion d'une ouverture d'esprit, et d'une vision du futur remarquable !
L'Ecole allemande d'Equitation en résumé
1 Cheval en avant des jambes avant tout, travail en ligne droite surtout pour les jeunes chevaux, développement des forces propulsives
2 Mains fixes, les forces propulsives doivent être canalisées entre les mains et les jambes, dans le couloir des aides
3 Rectitude en recherche absolue, utilisation de l'Epaule en avant, puis de l'Epaule en dedans
4 Equilibre en recherche absolue dès le débourrage du jeune cheval
Ces principes sont souvent absents de ce que l'on peut voir sur nos concours Jeunes chevaux et Nationaux, où l'on trouve des attelages "laborieux et nonchalants" dans la mise en avant, sur les épaules du fait d'une recherche d'équilibre qui n'est pas une préoccupation, encolures longues et chevaux plats, pas de rectitude, et finalement pas de sanction malgré l'absence de ces fondamentaux inhérents à ce que devrait être la construction d'un cheval de sport.
Une chose nous différentie de l'Ecole allemande, il y a encore chez nous des juges, des entraineurs, des enseignants, qui considèrent qu'il faut laisser "un certain naturel " au jeune cheval, prendre son temps pour le dresser, ne pas "contraindre" avant qu'il atteigne l'âge adulte... l'allemand dit au contraire qu'il faut s'occuper dès le plus jeune âge du renforcement des forces propulsives, de la bonne attitude, de la rectitude, de l'équilibre... et ce n'est pas quand on aura éduqué du contraire le cheval pendant des années, qu'il faudra revenir en arrière dans son éducation. On aura alors les plus grandes difficultés, voir des rebellions, quand il faudra rechercher impulsion, équilibre et rectitude.
J'espère ne pas avoir trop mal résumé la question préliminaire de cet article et la réponse, " c'est quoi l'Ecole allemande ? " .
Je ne terminerais pas cette introduction sans fustiger encore une fois ceux qui n'ont finalement aucune méthode, aucune doctrine, aucune logique, et bien peu de connaissances pour avoir intégré dans des épreuves Club, du travail de "rassembler", posant ainsi le toit de la maison avant d'en avoir monté les murs !
JCG
"Le Gymnase du Cheval" de Gustav Steinbrecht. Analyse de l'œuvre par le Général Decarpentry
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" Le principe de la méthode de La Guérinière, fidèlement exposé et savamment développé par Steinbrecht, est exactement à l'opposé de la méthode de Baucher. Baucher applique ses procédés gymnastiques à chacune des parties du cheval séparément, en localisant leurs effets dans une région nettement délimitée, et en s'efforçant, d'une part, grâce à l'attitude imposée au cheval, d'isoler, pour ainsi dire cette partie du corps de toutes les autres, et d'éviter, d'autre part, grâce au mode d'exécution de ces exercices, la propagation de leurs effets aux autres régions. « Ne jamais combattre qu'une résistance à la fois », enseignait Baucher. Steinbrecht, au contraire prescrit de faire constamment et simultanément participer toutes les parties du corps du cheval à l'exercice qu'on lui fait exécuter. C'est toujours sur la totalité de l'organisme qu'il s'efforce d'agir et la résistance générale de son ensemble qui combat. Le principe général de son enseignement est exprimé dans une formule qu'il emprunte à son maître Seeger : « c'est tout entier, dans son ensemble, qu'il faut constamment travailler le cheval ».
Pour que Baucher s'efforce, dès le début, et pendant tout le cours de son dressage, de rendre son cheval aussi mobile que possible en tous sens, Steinbrecht s'astreint, au contraire à imposer aux efforts du moteur chevalin un sens unique d'arrière en avant, ou la masse tout entière de sa monture tombe peu à peu sous sa complète domination entre les barrières et les parois du couloir de ces aides, dans une direction aussi rectiligne que possible. C'est seulement quand toutes les forces du cheval sont ainsi captées et canalisées qu'il entreprend de transformer la direction rectiligne du parcours imposé pour l'incurver progressivement jusqu'au cercle, par une gradation insensible, sans perdre un seul instant le contrôle absolu de la défense des forces du moteur. Ainsi l'assouplissement de l'ensemble du cheval est entrepris par lui au moyen de l'incurvation latérale du rachis, que Baucher néglige presque complètement. C'est en partant des résultats acquis dans cet infléchissement latéral progressif de l'épine dorsale, qui commande toutes les dispositions du corps, que Steinbrecht passe insensiblement à son assouplissement dans le plan vertical, tandis que Baucher y procède directement d'avant en arrière par le reculer, d'arrière en avant par le « rassembler sur les attaques ».
Le cheval étend franchement décidé dans le mouvement en avant par le développement de la « chasse » de son arrière-main dans la pratique des allures actives, et recherchant avec confiance l'appui de la main, Steinbrecht s'efforce de modifier son attitude d'ensemble par l'accroissement progressif de l'engagement de ses postérieurs. L'unique procédé qu'il emploie dans ce but est l'infléchissement latéral alterné du rachi, qui entraîne l'avance relative sous la masse du postérieur interne, c'est-à-dire placé du côté concave de l'inflexion. Il y parvient d'abord sur la ligne droite par l'exercice qu'il appelle « l'épaule devant ».
L'écartement des antérieurs étant par construction, moindre que celui des postérieurs, Steinbrecht amènent un des antérieurs devant le postérieur du même côté, et maintient le cheval dans cette attitude qui ne peut conserver sans incurver son épine dorsale quand que le talon du cavalier, aidé au début du mur du manège, interdit au postérieur externe toute dérobade du côté opposé à la flexion. La durée de l'exercice, pour chacun des deux postérieurs alternativement, est d'abord très courte, puis progressivement accrue jusqu'à ce que le cheval conserve dans les deux attitudes toute la franchise de son impulsion et l'aisance de ses mouvements. Puis, par l'accentuation de l' infléchissement latéral du corps, Steinbeck passe insensiblement de « l'épaule devant » à « l'épaule en dedans ».
On ne saurait témoigner trop de gratitude au traducteur d'un ouvrage resté jusqu'à présent presque inconnu en France, malgré sa valeur capitale. Le commandant Édouard Dupont, acquis la culture équestre et la foi cavalière ont permis d'accomplir à la perfection un labeur écrasant. Le commandant s'est bien gardé de vouloir habiller à la française la pensée allemande. C'est une entreprise irréalisable quand il s'agit d'un ouvrage proprement technique.
Le Gymnase du Cheval est une méthode d'équitation dont on peut sans crainte affirmer qu'il n'en existe aucune, en Allemagne ou ailleurs, d'aussi cohérente, ni d'aussi complète".
Général Decarpentry
Introduction à la quatrième édition par le colonel Hans von Heydebreck (extraits)
L'ouvrage a gagné en popularité ces dernières décades depuis que le règlement d'équitation de l'armée allemande s'en est approprié les principes. Il n'est pas de par le monde, à ma connaissance, un autre ouvrage d'équitation qui nous dévoile avec autant de clarté que la « Gymnase » de Steinbrecht les grandes vérités qui pénètrent aussi profondément dans les secrets de la gymnastique du dressage « Monte ton cheval dans le mouvement en avant, et met le droit d'épaules et de hanches ». Juillet 1935
NDLR: Le Gymnase du cheval est de lecture difficile. Toutes les actions du cavalier et du cheval, tous les mouvements sont analysés, décortiqués à l'extrême, demandant une forte concentration au lecteur. Tout est d'une précision chirurgicale, tout est rigoureusement énoncé, avec la même rigueur et méthode que celles qui doivent être appliquées pour le dressage du cheval de sport, quelque soit le niveau à atteindre.
Mais ce n'est que mon avis !
© JCG/attelage.org
Et suivent les chapitres sur les allures en basse école, en haute école, le piaffer, le passage, la levade et les sauts d'école.