Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 02/02/2022 13:21:50
Rubrique : Interviews, lu 1522 fois. 2 commentaires
Partager

CHARLOTTE, le Dressage vu d'ailleurs ...


 

         Charlotte Charrier                                                    

Un avenir de Dressage plein de promesses...

                  

               J'ai retrouvé Charlotte Charrier quelques semaines plus tard, après notre première rencontre et après avoir lu son interview à poney-as.com en 2020. Evidemment, échanger avec une personne ayant qualité en matière de Dressage, et ayant vécu une expérience à l'étranger ne pouvait me laisser indifférent. Charlotte a bien voulu me confier ce qu'elle a retenu de ses séjours en Suède et en Tchéquie, en un mot, comment dresse-t-on les chevaux dans ces pays là.

Compiègne 2017 avec Rendez Vous

Avant de relater le contenu de l'interview, il est bon de faire un bref rappel de sa carrière équestre

Charlotte a aujourd'hui 24 ans. Fille de cavaliers, sa mère était cavalière de dressage, son père cavalier de loisir et de balade avec des quarter horse, sa sœur était cavalière de dressage amateur.

 Dès le couffin elle a suivi mère et sœur sur les terrains de concours.

Elle a commencé l’équitation à 5 ans.

Premier concours en obstacle à 7 ans ….. et ensuite mise en selle pour le dressage, chaque année direction LAMOTTE BREUVRON pour les championnats ( poneys B – double poneys)

2011 En décembre elle remporte la Tournée des As Poney au du Salon du cheval de Paris.

2012 en janvier 1er concours international à Drachten aux Pays Bas, avec 4 français dont Jessica Michel qui finalisait sa sélection pour les J.O. à Londres

2013 Sélectionnée pour le championnat d’Europe à Arezzo en Italie, elle termine 5e par équipe, cela faisait 33 ans que les Français n’avaient pas fait ce résultat. Elle est également cette année-là Championne de France As-poney.

2014 premières épreuves en Juniors

2015 avec sa jument Rendez Vous elle est sélectionnée pour le championnat d’Europe à Vidauban dans le sud de la France,

C'est un total de 6 titres de Championne de France que collectionne Charlotte,

2012 – Coupe de France amateur 2 - MAD DU BOSC  - Trophée des AS - MAD DU BOSC 

2013 -Meeting des propriétaires – Rendez Vous -   Trophée des As – MAD DU BOSC

2014 – Coupe de France libre – amateur 1 – Rendez Vous -  AS juniors – Rendez Vous

Toutes les médailles sont belles mais la plus belle pour Charlotte c'est son titre de Championne de France JUNIORS en 2014 au Mans.  Elle accède au statut de sportif de haut niveau (catégorie espoir) .

                              En 2017 – c'est un voyage éclair Suède/France  pour participer aux épreuves jeunes cavaliers du CDIO de Compiègne. Elle accompagne Mads Hendeliowitz (voir la suite du texte)   pour qui elle travaille en Suède et l’équipe suédoise qui participait au G.P.

                              De belles médailles mais aussi 42 épreuves internationales qui lui permettent de côtoyer  les plus grands Champions – Karl Ester, Patrick Kittel,  Catherine Dufour……

 

                                                                                                                                                                                                                                              Rendez vous                            Championnat de France Junior

               La Suède :

          2016 membre de l'équipe nationale chez les poneys puis chez les juniors, à 18 ans elle met son cheval dans le camion (Rendez-vous, photo ci contre) et part  en Suède pour se perfectionner en Dressage. Ce n'est pas simple de laisser sa famille, et mettre l’équipe de France Jeunes Cavaliers de côté et donc de tomber dans l’oubli, mais c'est le prix à payer pour progresser. 

          Le choix suédois n'est pas un hasard. Charlotte parle le suédois et l'anglais, comprend le danois (sa mère et suédoise et danoise), et en Suède le Dressage est un sport national. La fédération suédoise enregistre plus de cavaliers de Dressage que de cavaliers de CSO. Les principales chaines de télévision retransmettent régulièrement les épreuves de Dressage nationales et internationales... Si vous entrez dans une sellerie vous y trouverez plus de matériel de Dressage que de CSO me dit Charlotte, imaginez un peu ! Un petit paradis pour une passionnée de Dressage.   

          C'est chez Mads  Hendeliowitz – cavalier olympique RIO 2016 -qu'elle débute son périple suédois. Elle y restera 2 années 1/2.

          Charlotte : « Mads m'a très vite fait confiance, et m'a confié de bons chevaux de propriétaires au travail. Il y avait aussi les chevaux à préparer pour la vente. Je suis sorti en compétition assez vite. Mads travaille avec Patrik Kittel, a fait les jeux olympiques, ce qui lui a donné une grosse expérience d'organisation pour le travail des chevaux et l'organisation de l'écurie. Cette immersion au quotidien dans un milieu de grands champions et de l’équipe de suède (entraineur sélectionneur coach) est une immense source d'apprentissage.

          La vie dans l'écurie était très organisée. La journée commençait à 6h30 le matin par une réunion de tout le personnel, sept jours sur sept. Planning des chevaux, qui fait quoi... On montait cinq à six chevaux le matin, ce qui n'était pas au travail allaient au paddock, et vice versa les chevaux du paddock le matin étaient au travail l'après-midi. J'ai le souvenir que beaucoup de soins accompagnaient le travail des chevaux. Nous utilisions également l'aqua-trainer, un tapis roulant sur lequel marchent les chevaux avec de l'eau qui monte progressivement jusqu'à une cinquantaine de centimètres. Le tapis pouvait être incliné à volonté. C'est très efficace pour le travail du dos du cheval. J'étais responsable de cette technique. Nous utilisions également les services d’un chuchoteur pour chevaux qui avait une balnéothérapie pour leurs apprendre à se canaliser afin d’éviter les accidents.

          Il y avait un petit terrain de cross sur lequel nous allions galoper les trois ans. Les futurs étalons étaient préparés pour leur approbation à la monte, et nous les faisions sauter une fois par semaine en liberté. Cela fait parti des critères d'agrément des étalons en Suède.

          Pour le travail des chevaux plusieurs techniques étaient utilisées : travail à la longe avec des enrênements, des longues rênes étaient également fréquemment utilisées surtout pour le travail des jeunes chevaux, il y avait aussi la pratique du travail à pied pour l'apprentissage du piaffer.

          Mon patron était très inspiré de l'école allemande, mais l'école suédoise est une école plus douce. Les Suédois ont beaucoup de respect pour les chevaux. Les rênes allemandes ne sont pas utilisées comme en Allemagne, ils attachent beaucoup d'importance à la préparation physique, aux massages, à l'acupuncture. Le premier principe de travail que j'ai reçu et de trouver la rectitude chez le cheval dans la mise en avant. Amener le cheval à prendre confiance envers la main du cavalier, les rassurer sur l'action des jambes, les amener à assimiler les codes des mains et des jambes sans crainte de celles-ci. Pour les jeunes chevaux nous utilisions toujours une étrivière passée autour du cou afin d'éviter de tirer sur la bouche du cheval. Nous n'avions jamais d'objectifs de temps pour le travail des jeunes chevaux, s'il fallait mettre deux semaines pour un apprentissage au lieu de quatre jours cela n'a jamais été un problème.

En Suède avec Grappa et  Rendez-Vous

 

               « Je ne suis pas d'accord avec les gens qui disent que le Dressage c'est de la torture. Tout est dans la façon dont on aborde le travail du cheval. Tout est une question de personne et de nature humaine, il y a ceux qui observent, qui sont capables si nécessaire pour le bien être du cheval de remettre au lendemain une leçon, et il y a les autres, qui veulent arriver à tout prix.

          L'hiver en Suède peut-être très froid. J'ai connu des températures de -21°. Même avec la neige ou la pluie, les chevaux étaient sortis à l'extérieur avec des crampons si besoin. Pour le travail en manège, nous avions le luxe d'avoir un manège chauffé. Ainsi nous montions en T-shirt, c’était trop bien ! (Rires). En Suède toute la vie est adaptée au froid, par exemple l'eau des abreuvoirs est chauffée ».

          Durant cette période Charlotte voyage seule avec deux chevaux au volant de son camion, pour aller d'un concours à l'autre.

          Charlotte: « Pour mon premier concours en Suède  j'ai déroulé le Saint-Georges avec ma jument  Rendez-vous.  J'ai dû prendre ma licence à la fédération suédoise, j’ai dû aussi justifier par des attestations de la fédération française d'équitation de mon niveau et mes performances. En effet, en Suède vous devez suivre une progression dans les épreuves de dressage. Vous ne pouvez pas accéder à une épreuve supérieure si vous n'avez pas obtenu de qualification dans les épreuves de niveaux inférieurs ».  (ndlr: tiens tiens ! )  

Concours en Suède à STRÖMSHOLM - Rendez Vous

               « J'ai également sorti des chevaux de mon patron en compétition, dont mon petit chouchou Grappa. On a appris les changements de pieds ensemble et on s'est ensemble qualifiés pour le BREEDERS TROPHY  le Championnat de Suède des jeunes chevaux. J'avoue que l’ambiance, le stress, l’adrénaline et l'organisation que demande la participation de deux chevaux sur un concours me manque aujourd'hui ! »

Charlotte et Grappa 6 ans

Eyecatcher

 

              

               « J'ai malheureusement perdu ma jument Rendez-Vous en Suède. Sur les conseils de Mads, j'ai acheté Eyecatcher que j'avais au travail depuis un an.

Plus tard j'ai recherché une autre situation de travail, toujours en Suède.

          Ensuite, J’ai travaillé huit mois, chez Charlotte Haid-Bondergaard, une dresseuse qui participe au circuit Coupe du monde, j'ai pu poursuivre ma formation. C'était d'une écurie plus familiale, avec seulement une vingtaine de chevaux. Ça a été pour moi une immersion complète au quotidien dans des chevaux de Grand Prix international. J'ai pu aussi avoir la chance de monter sur son cheval de Coupe du Monde.

          Pour progresser il faut bouger, sans cesse et..aller  découvrir d’autres méthodes de travail.

          Afin de continuer mon périple, j'ai appelé Alizée Froment qui a été ma chef d'équipe lorsque j'était dans l'équipe de France poneys. Sans hésitation, Alizée m'a proposé de la rejoindre en Tchéquie ».

          La Tchéquie :

           « Je suis donc partie en Tchéquie dans les écuries de Dressage Malá Skála du belge Jan Van Geet où se trouvait Alizée Froment. La notoriété de Jan Van Geet est grande pour préparer les chevaux pour le Grand Prix. Je travaillais avec Jan ou Alizée selon les chevaux que j'avais à monter. Je suis restée 2 ans 1/2 dans cette écurie.

          Malà Skàla c'était une boîte dorée, un château incroyable, les box faisaient la taille d'un appartement, ils étaient énormes. Dans l'écurie ds hommes et des femmes de toutes nationalité on entendait parler toutes les langues,

          Jan à une approche très classique du travail du cheval. Le travail débute toujours par un échauffement à la longe avant de se mettre en selle. Il faisait appel à un écuyer de l'Ecole Espagnole de Vienne tous les mois, tout spécialement pour le travail du piaffer. J'ai beaucoup appris sur la technique du travail à pied avec Jan et cet écuyer.  Généralement toutes les leçons se terminaient par quelques minutes de travail à pied et de piaffer.

          Nous restions six mois de l'année en République tchèque dans ces écuries incroyables, et les 6 autres mois de l'année tout le monde, hommes, chiens, chevaux, nous partions pour un petit village à côté d'Anvers en Belgique pour passer les mois d'été de mai à septembre...  C’était une véritable expédition Nous avions 10 minutes de traversée d'un superbe parc pour rejoindre la carrière de dressage.

Ma décision pour revenir en France n'a pas été facile. J'étais très heureuse dans mon travail, j'avais un cadre de vie exceptionnel, et des chevaux incroyables que j'avais la chance de monter. Mais je pense que mon avenir passe aussi par une branche de connaissances plus théoriques et pédagogiques, c'est pourquoi j’ai décidé de revenir en France pour préparer un diplôme d'entraîneur ».

 

    

Eyecatcher photos Alizée Froment

 

               En résumé, Charlotte se destine à devenir une professionnelle de l'équitation, enseigner, dresser et monter en compétition pour son propre compte. Dans quelques mois elle va passer son diplôme d'entraineur. Elle vient de vendre son cheval en Allemagne par l'intermédiaire d'Hof Kasselman dont attelage.org a retransmis la vente aux enchères PSI.

          Bientôt elle sera à la recherche d'un nouveau cheval pour franchir une nouvelle étape, pour appliquer ses acquis et ses expériences vers une ascension vers le Dressage international. Elle prendra le temps de trouver la perle rare, même si les concours doivent attendre encore.

          Charlotte c'est un exemple à suivre,   bonne chance Charlotte !

          © Interview JCG/attelage.org  

 

 


  Commentaires
-Suisse par Zebulon (16/02/2022 15:55:44)
Je crois que les rênes allemandes sont interdites en Suisse ?
-des nouvelles par JeanClaudeGrognet (01/12/2022 13:26:54)
Charlotte a maintenant passé avec succès et brillament, toutes les épreuves du DEJEPS, diplôme me d'entraineur pour la discipline du Dressage.
Félicitations! elle est maintenant plongée dans les méandres d'une création d' entreprise... et toujours à la recherche d'un cheval pour renouer avec la compétition.