Pierre Chassagnard                 

      Un aventurier des temps modernes

          Il y a  comme ça, des personnes que nous croisons, avec lesquelles nous ne prenons pas le temps d'approfondir une relation, par pudeur, par timidité, des individus qui mériteraient plus d'attention passent à nos côtés sans éveiller notre curiosité.

          Une petite lumière s'était bien allumée dans ma tête un jour de concours à Évreux en discutant avec ce monsieur qui vendait des voitures, et qui prêtait une oreille attentive au correspondant d'attelage.org... Je n'ai cependant pas poussé plus loin le pressentiment de passer à coté de quelqu'un d'assurément exceptionnel.

          Le petit mot de condoléances publié, a reçu en retour les remerciements de la famille par la voix d'Hélène l'une des filles de la famille. La petite lumière s'est rallumée, et Hélène a bien voulu me confier quelques photos et dévoiler la vie atypique et extraordinaire de son père.

          « Mon père a toujours été très technicien, il était ingénieur de formation de l'Ecole des Travaux Publics. C'est à sa retraite qu'il a créé cette entreprise de voitures hippomobiles, afin de rester en activité, il était très bien dans sa tête et avait toujours poussé ses passions à l'extrême. Nous sommes cinq frères et sœurs, nous sommes tous monté à cheval, nous avons mon père, ma mère, et moi, pratiqué l'attelage avec des cobs normands et des ânes.

          Mon père a fait très peu de concours, un peu d'attelage de Tradition, il a beaucoup participé à l'Equirando, il aimait bien ce qui était dépourvu de compétition.

          C'est en 2005 qu'il a créé son entreprise, constatant que beaucoup de voitures hippomobiles étaient fabriquées en Pologne. Actif et entrepreneur par nature, jamais gêné par les langues étrangères, les voyages, les cultures différentes, n'a pas rencontré de difficultés à la mise en place de cette nouvelle aventure, car des aventures il y en a eu… Il a retrouvé Glinkowski, Andrzejewski, Szymanki. En 2008 il y a eu une crise générale. Il assurait lui-même le service après-vente, je me souviens qu'il s'était déplacé en Alsace pour régler un problème de frein mal monté. Dans ses débuts il a fait beaucoup d'expositions sur les concours, des défilés comme à Dozulé, il prêtait également des voitures pour les mariages. Il reste aujourd'hui beaucoup de pièces détachées, des voitures. Nous allons décider prochainement quoi faire de l'entreprise et de l'héritage du matériel et des voitures.

          Les savoir-faire, les aventures permanentes...

          " Papa était un passionné d'aviation, il avait son brevet de pilote pour des petits avions, il avait une licence Véritas de réparateur pour ces avions, qu'il prenait facilement pour aller à Paris ou à Bordeaux pour rejoindre ma mère. Il y a eu un accident une fois, sans grande conséquence.

          Il avait fait son service militaire dans l'armée de l'air. Il a sauté en parachute des centaines de fois, c'était un casse cou. Il était d'une confiance absolue, il ne lui est jamais rien arrivé de grave. Il avait la mécanique dans le sang, et une grande capacité à tout valoriser et solutionner ». 

          « Nous avons tous vécu longtemps à l'étranger. Il n'a jamais accepté de partir sans sa famille, quelles que soient les entreprises pour lesquelles il travaillait: le Yémen en caravane, il a appris l'arabe, il a installé le système de drainage autour d'Ankara, nous sommes allés en Afrique, en Thaïlande, en Afrique du Nord, en Arabie Saoudite pendant sept ans, en Libye il a travaillé pour la marine. Vous voyez pour lui, la Pologne c'était la porte à côté ».

          Il y avait donc tant de choses derrière les sourires de Pierre Chassagnard.

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