Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 15/03/2023 07:43:57
Rubrique : Les références > Dressage : technique, lu 794 fois. 2 commentaires
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Les Cahiers d'attelage.org: le départ au galop avec Charlotte et Renaud


 

 

          C'est un sujet que nous aurions du aborder dès l'introduction du galop dans les reprises de dressage...

          Sans doute aurait il fallu à cette époque, bien faire la distinction entre la demande du galop par prise d'équilibre ( la demande correcte), et la demande du galop par perte d'équilibre (demande incorrecte).

          A l'évidence de ce que j'ai pu voir sur les concours, une large majorité d'attelages ne s'encombrent pas de cette notion, préoccupés par le fait de partir sur le bon pied, sachant qu'il y a toutes les chances que le juge va se focaliser sur "le bon pied", et peut être négliger la bonne exécution du départ au galop.

          Pour aborder ce sujet, j'ai demandé à 2 enseignants leurs observations.

          *  CHARLOTTE CHARRIER DEJEPS mention Dressage enseignante, cavalière en compétition de Dressage (avec expérience internationale)

          *  RENAUD VINCK  BE2 Equitation spécialisation Attelage enseignant, meneur en compétition d'Attelage  (avec expérience internationale)

 

                        CHARLOTTE CHARRIER  

          A.O : merci de nous rappeler quelques définitions et les pré-requis à un bon départ au galop par prise d'équilibre.

          Charlotte Charrier : "commençons peut-être par les aides du départ au galop. Le galop est une allure à trois temps, l'un de ces temps est la projection du cheval vers l'avant par la poussée d'un postérieur. Dans le galop à droite, c'est l'antérieur droit qui va être projeté le premier... cela tout le monde le sait.

          La position du cavalier est importante, le poids sur les étriers également, le tact dans l'utilisation des aides fait le reste! Le cheval doit être l'écoute des aides, la jambe intérieure, la jambe postérieure légèrement reculée, la rêne extérieure légèrement plus tendue. Tout cela doit être exécuté par le cavalier au bon moment. Je dis toujours à mes élèves de compter avant la demande du départ au galop, et en faisant cette demande à un endroit précis déterminé par avance... 1,2 ,3 le temps d'y réfléchir et de mettre en place les aides bassin, mains, jambes...

          Il est très important pour obtenir un bon départ au galop, et le galop qui s'en suivra, d'avoir précédemment une bonne cadence dans le trot. Dans l'échelle de progression il est très important, pour un jeune cavalier ou un cavalier confirmé, avec un jeune cheval de trouver la régularité dans les allures. Au débourrage monté le jeune cheval de trois ans prendra l'allure supérieure, le galop, en prenant de la vitesse et en augmentant l'amplitude, c'est le départ au galop par perte d'équilibre, on dit aussi que le cheval "tombe dans le galop".

          Le travail du dresseur va être de rendre les transitions dans le galop de plus en plus harmonieuses avec un cheval souple sur la main. Le dresseur devra aussi s'attacher à contrôler l'allure, l'objectif étant que le cheval puisse prendre le galop de l'arrêt, du pas ou du trot en restant bien sur la main, avec surtout ce qui est très important en conservant et en améliorant sa rectitude tout  au long de l'apprentissage du cheval.

          Pour avoir un bon galop, il faut que le départ soit réussi, contact sur la main, rectitude et abaissement des hanches et l'allégement du poids sur l'avant main. Mais tout cela dépend des préliminaires et de la qualité des allures précédentes.

          Le cheval se déplace naturellement avec les hanches "en avant" , c'est-à-dire les hanches à droite vers l'intérieur du manège si vous êtes à piste à main droite, mais il déplace également ses hanches à l'extérieur sur une ligne droite par exemple. Les chevaux sont faits comme ça, en triangle entend-on parfois.

          Pour redresser le cheval il faut mettre ce que l'on appelle dans "une épaule en avant". L'épaule en avant n'est rien d'autre qu'une épaule en dedans avec moins d'angle le cheval se trouvant entre deux et trois pistes, les épaules étant légèrement déportées vers l'intérieur du manège, le cheval continuant son allure en ligne droite, avec donc un postérieur qui s'engage plus franchement.

          Il est recommandé pour le jeune cheval et le jeune cavalier de pratiquer l'épaule en avant au pas et au trot, pour l'apprentissage des aides l'apprentissage du jeune cheval.

          Pour résumer, un départ au galop réussi, franc et répondant aux aides, l'allure précédant le départ au galop soit correct. Il vaut toujours mieux retarder une demande de départ au cheval si les conditions ne sont pas remplies, faire par exemple un ou deux cercles pour remettre les choses en ordre. Réfléchir, contrôler l'allure, remettre de la rectitude, compter et mettre ses aides en place.

          Bien évidemment le cheval qui accélère après la demande de départ au galop c'est une faute ».

          A.O:  demander un départ au galop dans un coin du manège pour un jeune cheval, n'est-ce pas contre-productif pour la rectitude ?

          Charlotte Charrier: « lorsque l'on part du pas du trot dans un coin du manège la rêne extérieure un peu plus tendue pour demander le galop, on a l'avantage d'inciter le cheval à s'asseoir devant le mur. Il faudra ensuite pour l'apprentissage du cheval s'écarter de plus en plus du coin de ce mur. Il prendra aussi petit à petit du renforcement musculaire et des abdominaux ».

          A.O: le départ au galop de pied ferme ou du pas sont le fin du fin du départ au galop en équilibre ?

          Charlotte Charrier: « oui bien sûr. Après les départs à partir du trot, on peut aborder les départs au pas et là il faut de la grande qualité du pas, de lenteur et d'impulsion. Il est aussi très important une fois le galop pris que le cheval n'accélère pas son allure. Jamais, quel que soit le niveau du départ au galop en équilibre acquis par le cheval, celui-ci ne doit accélérer. Il faut dire aussi que quelque soit la discipline beaucoup de chevaux se traversent au départ du galop. Il est donc important de garder la jambe intérieure pour conserver la poussée du cheval, tout en allégeant la jambe extérieure ».

 

                          RENAUD VINCK  

          « Les propos de Charlotte sont un très bon préalable à la prise du galop en équilibre attelé. Tout ce qui est dit et d'une vérité absolue. Il faut d'avoir une allure correcte précédent la demande du galop, c'est également un impératif pour type d' attelage : respect de la cadence, qualité de l'allure (généralement le trot), qualité du contact et rectitude. Tout cela doit être correct avant le départ au galop.

          La rectitude du cheval d'attelage est plus que déterminante, d'ailleurs ne suffit-il pas de rappeler la maxime du Générale Lhotte: CALME, EN AVANT, DROIT ! Toute l'Equitation est résumée dans ces trois mots. Un cheval qui n'est pas droit est un cheval qui n'est pas juste.

          Ce que l'on a de similaire dans les aides avec le cavalier c'est le contact, deux guides ou deux rênes.

          La différence avec le cavalier est bien sûr que le meneur ne dispose pas de ses jambes pour agir sur le cheval, il peut contrôler les épaules mais il ne peut pas contrôler les hanches. Si l'on dispose d'un fouet qui peut agir sur une hanche, on ne peut agir dans le même temps sur l'autre hanche. Le cavalier lui dispose d'une jambe qui agit et l'autre jambe qui contrôle. Ainsi le cavalier est constamment dans l'action et le contrôle.

          Toute action faite doit pouvoir être contrôlée, sinon sans contrôle, une action produit une réaction aléatoire, aléatoire dans le moment, et aléatoire de la part du cheval …

          Pour avoir le contrôle de son cheval, le meneur va constamment mettre les épaules de son cheval devant les hanches, il ne pourra que très difficilement mettre les hanches devant les épaules.

          La rectitude déjà évoquée par Charlotte c'est l'alignement des épaules et des hanches. Sur une épaule en avant le meneur va demander à son cheval un léger déplacement des épaules soit à droite soit à gauche, sur une ligne droite ou sur une courbe. Enfin, pour que le cheval parvienne à déplacer ses épaules, il faut également maîtriser son équilibre longitudinal (équilibre, cheval  plus ou moins sur les épaules). On ne peut donc rectifier la rectitude du cheval qu'en ayant un équilibre longitudinal satisfaisant, ce qui sous-entend un allégement de l'avant main… Les deux rênes vont agir en action et en contrôle.

          Un exemple, si une demande de déplacement des épaules est faite sans un équilibre longitudinal satisfaisant, le cheval réagira en "tombant", sur le côté intérieur ou extérieur.

          Sans cette rectitude et le contrôle des deux rênes sur les épaules, il ne peut y avoir de départ au galop par prise d'équilibre. L'apprentissage de la rectitude peut se faire au pas, au trot ou au galop. L'éducation peut se faire à cheval, aux longues rênes.

          Évidemment le problème pour le meneur est de transférer les apprentissages du cheval monté ou travaillé à pied  à l'attelage. C'est l'installation des codes. Pour le départ au galop les meneurs utilisent généralement le terme "galop (ou autre)". Ce code doit être appris par le cheval dans le travail à la longe, même dans les débuts si les départs au galop se font par perte d'équilibre.

          Le code étant installé, comme pour le cavalier c'est par une épaule en avant, (voir l'interview de Charlotte), et  sur une allure précédente  bien contrôlée (trot) et juste, que le meneur demande à son cheval le départ au galop…

          Il faut se méfier de l'utilisation du fouet dans la demande du départ au galop. Si l'utilisation du fouet peut dans les débuts faciliter le message, sur le fond je suis très opposé à l'utilisation du fouet. En effet dans l'utilisation du fouet il y a la notion de vitesse… ce qui est contraire au but recherché avec un départ au galop par prise d'équilibre. Il faut absolument abandonner l'utilisation du fouet comme code pour la demande de départ au galop...

          ... d'autant que l'utilisation d'un fouet à mèche longue reste une action peu précise. La mèche du fourra  pourra difficilement se reproduire avec la même la même intensité, la même durée et au même endroit. Pour éduquer il faut être capable de  reproduire une même durée, une même intensité, et un même endroit. Avec  la mèche  du fouet c'est infaisable elle ne peut qu'obscurcir le message.  

          Avec un jeune cheval on peut accepter à ses débuts un peu d'accélération et de perte d'équilibre, défauts qu'il conviendra de corriger progressivement. Évidemment le juge adaptera son niveau d'exigence en fonction du niveau des reprises. Cependant dans les reprises inférieures, si l'on peut tolérer un peu de vitesse lors de la demande du galop, le meneur doit immédiatement reprendre le contrôle de la vitesse avec un retour à une bonne cadence et à un équilibre longitudinal satisfaisant.

          Je pense que la qualité d'un galop du cheval attelé dépend de la qualité de l'allure précédente et que la qualité du galop doit être conservé après un bon départ en équilibre. Un cheval attelé bien mis,  peut très bien faire une transition pas-galop ».

          A.O: engager, abaisser les hanches, rassembler ?

          Renaud Vinck: " avec les progrès du cheval le meneur ira de plus en plus vers le rassembler et l'abaissement des hanches pour mieux s'équilibrer et partir au galop. La notion d'engagement (le cheval se déjuge, se juge, ou se méjuge), est trop inhérente à la morphologie du cheval et à ses rayons. Je préfère ne pas l'aborder dans cette question du départ au galop par prise d'équilibre, je préfère les notions d'abaissement des hanches et de rassembler.

          Au fur et à mesure que le cheval va se redresser, l'épaule en avant va devenir de plus en plus discrète, et le meneur pourra à ce stade partir sur le pied droit ou le pied gauche sur une droite, sur la ligne du milieu  de la carrière par exemple. C'est devenu un cheval symétrique.

          C'est un constat qu'aujourd'hui, la question  qui m'est la plus posée par les meneurs est celle du départ au galop sur le bon pied, et comment le savoir dans la voiture. Je conseil dans ce cas-là de revenir à la  connaissance du galop, allure à 3 temps etc ... "

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                    JCG: Mille mercis  à Charlotte et à Renaud avec lesquels je partage cette même passion, le Dressage qui est notre socle commun, à pied, à cheval, ou en voiture.

 

                 ©  interviews JCG/attelage.org

 


  Commentaires
-Mais encore par JeanClaudeGrognet (15/03/2023 11:05:32)
On aurait pu évoquer le galop à faux ou contre galop comme exercice permettant d'assouplir et de redresser un cheval.
-J'ajoute ... par JeanClaudeGrognet (15/03/2023 13:29:48)
... à mon commentaire précédent:
Sur ce contre galop, il est également très efficace, leçon après leçon, et progressivement de porter la tête et l'encolure dans le pli inverse. D'abord sur la ligne droite et plus tard sur un grand cercle ...