Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 21/12/2009 19:49:40 Rubrique : Culture générale, lu 3951 fois. Un commentaire |
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L'art de mener du XIX eme siècle, l'âge d'or du transport hippomobile, n'a de toute évidence rien à voir avec l'art de mener au XX ème et XXI ème siècle.
Hier, Max Pape, Edwin Howlett et Benno von Achenbach, aujourd'hui Exell Boyd , Isjbrand Chardon et d'autres sont les garants de notre art, tout simplement parce que la finalité de l'utilisation du cheval n'est plus la même.
Hier l'utilisation du cheval "d'attelage" dans le transport public ou privé"….aujourd'hui l'utilisation du cheval d'attelage dans des épreuves sportives avec les concours d'attelage.
"Cheval d'attelage" ! je préfère de beaucoup ce terme à celui de "cheval de trait " qui me semble plus réservé au chevaux de races "lourdes" même si d'évidence tous les chevaux attelés sont des chevaux de trait par définition.
Hier l'utilisation du cheval d'attelage en ville ou à la campagne, pour des usages différents, transporter des voyageurs de ville en ville, parader dans les allées du Bois de Boulogne, passer le Saint Gothard avec tous les risques liés aux chemins, aux dénivelés avec pour simple secours que l'avaloir ou le sabot d'enrayage, ou bien encore les défis que se lancaient bourgeois et nobles à travers les rues de Paris, ou chacun pouvait exprimer et faire preuve de sa dextérité à mener les 4 chevaux d'un coach… pas de frein, pas "d'attitude " particulière demandée aux chevaux: savoir tourner, remiser, entrer dans une porte cochère d'une rue étroite, développer le fouet et le rassembler dans la main, utiliser si besoin la "mécanique" étaient les signes d'une grande maitrise de son attelage, d'un grand Savoir.
Aujourd'hui les meneurs, mis à part ceux qui pratiquent l'attelage de Loisir ou l'Attelage de Tradition ont d'autres impératifs. Le déroulement d'une reprise supérieure demande d'autres qualités et d'autres moyens. Les enchaînements demandés aux meneurs d'aujourd'hui lors d'une reprise de dressage, d'un marathon ou d'une maniabilité, exigent de par la succession des figures beaucoup de technique et de vitesse dans la technique. Une aide artificielle mécanique (frein à pied), est nécessaire et les meneurs d'attelage à 4 chevaux n'ont pas le temps matériel de développer l'art du maniement du fouet. Sans compter l'exigence d'un juste fonctionnement physique du cheval (orientation de la ligne du dos) demandé par les juges. Aujourd'hui 3 trots sont parfaitement définis et codifiés: trot de travail, trot rassemblé, trot allongé.
Gardons nous de toutes comparaisons de valeurs, elles seraient mal venues et sans intérêt.
Pourtant l'Attelage de Tradition d'aujourd'hui m'interroge et me navre. Il perd ses racines en voulant jouer "au sportif" avec par exemple, les parcours de maniabilité. Les belles voitures accompagnées de chevaux bien toilettés à défaut de chevaux "bien mis", de beaux harnais, des passagers en toilette suffisent à mes yeux de novice, et j'ai toujours plaisir à entendre les explications d'un spécialiste comme Monsieur Libourel.
Dès lors le "m'as-tu vu " souvent perceptible chez les meneurs de Tradition ne me gène pas si le spectacle est de qualité. Après tout le meneur sportif est bien lui aussi en recherche de "reconnaissance" du public et des médias. J'ai du respect pour celui qui veut faire les choses "bien au mieux de la Tradition ", le même respect est du au meneur sportif, pour tout son engagement physique et moral à la recherche de la performance.
Notre jugement de l'Art de Mener façon d'hier ou d'aujourd'hui se fait d'un attelage et de son meneur, soit en situation statique, soit en situation dynamique. La Présentation statique est toujours présente dans l'Attelage de Tradition, c'est un moment très important du concours. Elle a disparue de l'Attelage Sportif (sauf pour la Coupe Alpes et Danube, mais elle ne compte pas dans le classement).
Cette disparition est dans la logique des choses avec le développement de l'attelage sportif. Les voitures modernes présentent des modifications techniques importantes afin de répondre aux exigences de la performance: freins à disques, timons, roues métalliques, blocage d'avant train. Même sous l'argument de la sécurité, toutes ces modifications seraient reprochables au propriétaire d'une voiture ancienne. Je déplore toutefois la disparition de la Présentation statique pour le niveau amateur dans les concours sportifs, pour des raisons évidentes de pédagogie et de culture générale.
La Présentation dynamique a sa notation lors de l'épreuve de dressage d'un concours sportif. Le juge appréciera l'ensemble de l'attelage avec une note globalisant les tenues, les harnais et leur ajustement, certains juges seront focalisés sur un point particulier: mors, harnais. C'est la fameuse dernière note du protocole de dressage mais elle n'intervient que très peu dans la note finale.
La Présentation dynamique en Attelage de Tradition n'existe pas au sens que l'on pourrait lui donner selon les critères du XIX ème siècle : remiser, utilisation du fouet, tenue et maniement des guides, garnir et dégarnir dans les règles de l'art et pourquoi pas façon Relais de Poste….
On peut déplorer cette absence, car on attend de ceux qui s'adonnent et se passionnent pour l'Art de Mener en Tradition, la conservation du patrimoine culturel tant dans la conservation des voitures que dans l'Art d'utiliser le cheval d'attelage.
mais ce n'est que mon avis …
JCG