Article proposé par JeanClaudeGrognet, paru le 22/03/2017 14:36:58 Rubrique : Culture générale, lu 4692 fois. Pas de commentaires |
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Peut être Abraracourcix est il le premier utilisateur du taxi, si l'on veut bien écarter ses prédécesseurs, grecs ou égyptiens, qui défilaient devant le peuple dans des chars.
Il est probable que de tous temps, le bourgeois fortuné a utilisé les services payants de ses congénères pour se déplacer sur de courtes distances. Le transport à l'aide d'un véhicule roulant remonte entre -1000 et -2000 avant JC. Autour de la Méditerranée, c'est à cette période que l'on estime de l'invention de la roue.
Nous imaginerons donc que les premiers "taxis" pourraient bien dater de cette époque. Je n'ai rien trouvé dans la littérature pour confirmer cette hypothèse, mais on peut faire confiance à la nature humaine, qui a bien du faire monnayer très vite, le service du transport de particulier à particulier.
Ce qui est certain, c'est que bien plus tard après l'invention de la roue, l'homme utilisait ses congénères, esclaves ou pas pour se faire transporter. Les romains fortunés utilisaient une litière, une sorte de lit ordinairement couvert, porté sur des brancards par des chevaux, des mulets et quelquefois des hommes. Les litières ont été utilisées encore longtemps après les romains. Une variante de la litière, le palanquin, annonce la venue quelques siècles plus tard, de la chaise à porteurs.
Kago japonais vers 1850 (Litière) Palanquin
On situe l'invention en Angleterre vers 1640 en Angleterre.
La chaise à porteurs, comme service public, apparaît vite comme étant le véhicule le plus adapté pour les courts trajets en ville.
Chaise à porteurs du XVIII ème |
Les chaises à porteurs sont des espèces de litières coupées, dont la portière est par devant, et qui sont portées par deux hommes placés l'un devant, l'autre derrière." Mais aussi pour la fin du XVIIe siècle, voir l'ouvrage de Jean-Marie Moulin sur le Château de Compiègne, p. 23, qui cite Saint-Simon décrivant le camp de Compiègne de1698 auquel Mme de Maintenon assiste dans sa chaise à porteurs...
" Les chaises montaient les personnes dans les appartements mêmes. C'est ainsi que faisait Mme de Maintenon à Versailles. Aussi la maison de Louis XIV fut-elle dotée d'un service de garçons porte-chaise, qui bénéficiaient d'une grande considération auprès du souverain. (...) Un tel privilège ne pouvait que susciter des émules et, concurremment aux "chaises dorées" il y eut un service de "chaises bleues". Mais ce service, tout en continuant à faire partie de la maison du roi, était autorisé à se louer au public... "
Autre nom donnée à la chaise à porteur mais dotée de roues : la vinaigrette, appelée aussi « brouette », ou « brouette de louage ». Elle fut inventée au début du XVIIe. Elle tient sont nom de sa ressemblance avec les petites voitures des vinaigriers.
Chaise à porteurs et Vinaigrette
Il y avait parfois - quand le propriétaire du véhicule était particulièrement fortuné, un gamin qui poussait par derrière et qu'on surnommait : « le pouss' cu ». Ces engins furent, les premiers taxis Lillois.
Après les chaises à porteurs et les « vinaigrettes » , les voitures à traction animale (des chevaux, le plus souvent ), se multiplient au tournant du 17e siècle. L'origine semble être la concession accordée en 1620 à des propriétaires de carrosses pour opérer ce type de transport . Louis XIV décide d'encadrer une pratique anarchique pour libérer " Paris de ses embarras" . Naissance en 1637 des fiacres, voitures fermées, menées par un cocher qui répond aux appels des voyageurs qui le hèlent au passage ou le réservent aux stations qu’on aménage petit à petit.
Vingt ans plus tard, chaque voiture est identifiée par une plaque d’identité et leurs chauffeurs sont garants de son bon état général. Ils ne peuvent refuser une course dans un rayon de cinq lieues autour de Paris et la profession n’est pas accessible aux anciens condamnés. Dès 1666, les tarifs sont fixés par l’État : les compteurs n’existant pas encore, la facturation est établie au seul temps passé, à l’heure ou à la demi-journée.
Dans la première moitié du 19e, le problème des fiacres se confond avec celui de la croissance d’une population dont les besoins augmentent. En 1820, Paris compte 750 000 habitants et 2000 voitures : 40 ans plus tard, le chiffre a doublé, la ville s’est agrandie et la longueur des courses avec elles. Napoléon III crée la Compagnie impériale des voitures de Paris.
Des instants cocasses de la vie courante... la mode des crinolines n'est pas toujours compatible avec la montée dans un fiacre. Les caricaturistes de l'époque se moquent...
Henri Daumier
1900 ...
Les cochers n'ont pas bonne réputation. Braillards et grossiers, l'invective est courante dans les embouteillages parisiens...
Georges Courteline en a fait une courte pièce dans L'ami des lois
Le cocher, toujours grognon, vêtu d’un carrick crasseux à sept collets, la tête enfouie sous un lourd bonnet de laine que coiffait un chapeau déformé, les pieds enfoncés dans de larges sabots, escaladait son siège après avoir allumé sa pipe, et il fouaillait ses rosses, qui flottaient dans les harnais, raccommodés avec des ficelles.
Les cochers sont souvent des provinciaux montés à Paris. Les Corréziens et les Savoyards monopolisaient la profession. Pour apprendre le nom des rues et passer l’examen de « remisage », il n’était point besoin d’une grande instruction.
Le fiacre est aussi l'endroit où se poursuivent des rencontres inattendues avec le sexe opposé...
Des compétitions sont organisées entre les cochers.
Monsieur Jonquard remporte la course des fiacres de Paris le 13 novembre 1904 à Suresnes
Le fiacre est construit en bois, ce qui lui vaudra l'appellation populaire de « sapin ». On nommera " sapinettes" les femmes cocher.
Les premières seront sous les regards curieux des badauds masculins, les femmes entrent dans un métier tenu par les hommes ...
On remarquera que les photos sont signées du nom des sapinettes. Certaines peuvent porter des noms célèbres, comme la Comtesse du Pin de la Guérinière. Signe que les changements dans la société s'accélèrent.
Remarquez les bandages pneumatiques.
La plupart des spécialistes donne l'origine du nom de fiacre, l'ancêtre du taxi, à l'enseigne de l'hôtellerie « à Saint-Fiacre » à Paris, à l'angle de la rue Saint-Martin et de l'impasse Saint-Fiacre, devant lequel stationnaient les premières voitures de louage.
Saint Fiacre est considéré comme le patron des taxis.
À la fin du XIXe siècle, les fiacres de Paris numérotés doivent à la ville un droit de stationnement d'un franc par jour, plus un droit annuel.
En Angleterre aussi ...
Au début du 17e siècle, un capitaine de marine en retraite a l’idée de placer quatre carrosses sur la route reliant Londres à Westminster, permettant ainsi à toute « personne de qualité » d’effectuer le trajet plus rapidement et plus confortablement que par bateau ou chaise à porteurs.
Mais on ne peut évoquer le transport en Grande Bretagne sans parler de l'Hansom Cab ce véhicule particulier où le cocher mène derrière la caisse de la voiture, souvent perché très haut. A partir du milieu du 19e siècle, deux types de fiacres dominent le marché londonien du transport de personnes : le deux roues Hansom (un cabriolet rapide et élégant, conduit par un cocher assis derrière le véhicule) et le quatre roues Growler (une calèche qui, avec sa capacité de transport des bagages, se trouvait la plupart du temps dans les gares). Certains fiacres continuent à exercer jusqu'aux années 1930. Le dernier rend sa licence le 3 avril 1947.
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Hansom Cab et Growler
Quelques Cabs ont également circulé à Paris sans grand succès...
Et plus tard dans une autre circonstance, les vélos taxi apparaissent, on se débrouille, la vie continue, il faut bien se déplacer ...
Voilà rapidement résumé l'histoire du transport public. Pour en savoir plus, la bibliographie que j'ai résumé dans cet article se trouve dans les liens suivants: